Thursday 26 February 2009

Jardin d'acclimatation du Hamma

SITUATION DES ESSAIS D'ACCLIMATATION
D'ESPÈCES LIGNEUSES EXOTIQUES,
Au Jardin D'acclimatation Du Hamma, A Alp.er
Par M. A. HARDY
Directeur du Jardin d'acclimatation d'Alger.
(Séance du 24 mai 1867.)

p. 347

En 1863, j'ai eu l'honneur de soumettre à la Société le résultat des essais d'acclimatation d'espèces ligneuses exotiques, entrepris sur un nouveau plan, au Jardin d'acclimatation du Hamma, à Alger. Ce compte rendu a été inséré dans le Bulletin mensuel de la Société impériale zoologique d'acclimatation, tome X, page 077, n° 11, novembre 1863.

Aujourd'hui, je viens entretenir la Société des travaux de même nature qui ont été continués depuis. Mais auparavant, et comme préface, je lui demande la permission de lui faire connaître les progrès des premières plantations dont il est ici question, en mentionnant principalement les espèces qui fructifient et donnent des graines fertiles.

Parmi les Palmiers, je citerai les Cocos flexuosa, australis, schizophylla ; le Livistona sinensis, improprement appelé Lalanier de Bourbon, donne des quantités considérables de semences depuis quelques années, et les jeunes sujets de cette espèce s'expédient en nombres importants. Le Corypha australis, charmant palmier de la Nouvelle-Hollande, etleCory- pha gembanga, autre palmier de Java, aux larges éventails, commencent à fructifier. Les Chamœropa tomentosa, elegans et excelsa, donnent des semences qui ont permis de faire des semis assez abondants. La dernière de ces trois espèces ajoute à son eflet décoratif un intérêt industriel par les nombreuses fibres textiles qu'elle produit sur son tronc. A raison de cette propriété, on l'appelle Palmier à chanvre. Le Phœnix pu- mila du Gabon et le Phœnix leone.nsis de Sierra-Leone donnent des graines fertiles qui servent à leur reproduction. 11 en est do même du Diplothemium maritimum, petit palmier acaule du Brésil.

Dans le groupe de Cycadées, diverses plantes ont développé des inflorescences bien constituées, mais il ne s'en est suivi aucune fructification, parce que ces végétaux étant essentiellement dioïques, et que des espèces n'étant représentées souvent que par un seul sujet, il n'y a pas eu coïncidence dans l'apparition des fleurs des deux sexes, même entre congénères. Cependant il pourra se présenter des cas qui permettront d'utiliser le pollen pour essayer de féconder des espèces voisines, ou même des espèces de genres voisins.
Les principales espèces de ce groupe qui ont produit des inflorescences sont le Cycas circinalis des îles Moluques ; le Dion edule du Mexique ; 1''Encephalarthos ça/fer de l'Afrique australe; le Zamiapumila du cap de Bonne-Espérance ; les Ceratozamia muricata et picta de Guatemala ; le Macrozamia Miqueliana de l'Australie ; le Cycas revoîula, originaire du Japon, se reproduit par les lurions qui se développent à la base de sa tige.
Dans le groupe des Musacées, les Strelitzia angusta, reginœ, ovata, spathulata, multiflora, juncea, ont donné des graines fertiles ; les deux premières espèces surtout en ont donné avec une abondance qui a permis de faire entrer les jeunes sujets en provenant dans les livraisons régulières de l'établissement. Ces végétaux, dont l'inflorescence est des plus remarquables, sont fort recherchés.
Le colossal Musa Ensete, ou bananier d'Abyssinie, est également très-demande. Le premier sujet de cette espèce qui a fructifié dans l'établissement a donné naissance à deux cent soixante jeunes sujets qui, tous, se sont écoulés en France et en Europe, malgré leur prix relativement élevé (30 francs pièce). L'établissement a ainsi doté les principaux jardins de l'Europe d'un splendide végétal qui fait l'admiration de tout le monde.
Dans le groupe des Bombacées, le Carolinea macrocarpa a donné des fruits dont les graines sont fertiles. Ces fruits sont des capsules de la grosseur du poing, ovoïdes, à cinq ou six divisions déhiscentes ; chaque division contient, attachées à un axe central, cinq à six graines de la grosseur d'une aveline ; cette graine a le testa solide, enveloppant un embryon dont les cotylédons, très-développés, sont charnus et occupent toute la cavité. Cet ensemble constitue une noisette très-agréable à manger. Au Brésil, ce fruit se vend sur les marchés sous le nom de Noz-de-Maranhao ; l'introduction de celle espèce précieuse esl due à M. le comle de Castelnau, alors consul de France à Bahia.

Dans la partie accidentée qui domine l'établissement, au- dessus de la route de Kouba, soixante-deux espèces d'Acacia de la Nouvelle-Hollande couvrent le sol de leurs rameaux ; au printemps, la floraison de ce groupe est splendide ; leur inflorescence spiciforme, de couleur soufre, disposée sur des rameaux flexibles, simule les jets d'un feu d'artifice. Des espèces arborescentes dominent les autres espèces d'un développement plus humble et se font déjà remarquer par leur élévation. Leur bois acquiert de la solidité et est de nature à être employé dans l'industrie. Ce que je dis à cel égard est d'ailleurs corroboré par les renseignements qui nous viennent de leur pays originaire ; je citerai notamment les Acacias melanoxylon, falcata, longissima, Cunninghami, coral- lina, etc.
Le groupe des Myrlacées à fruits durs ou déhiscents se compose d'espèces presque toutes originaires de la Nouvelle- Hollande et de la Nouvelle-Zélande, et renferme des arbres remarquables, tant pour l'ornementation que pour la solidité de leur bois, indépendamment de nombreux arbustes qui, presque tous, ont des inflorescences des plus brillantes ; je citerai notamment: des Leptospermum, des Tristania, des Fabricia, des Lophostcmon, au magnifique feuillage, et vingt-cinq espèces ^Eucalyptus. Parmi les Eucalyptus globitlus plantés dans cet endroit en avril 1862, plusieurs ont, en ce moment (au bout de quatre ans), 80 centimètres de circonférence, à 1 mètre au-dessus du sol, et 15 mètres de hauteur. Ces arbres ont été mis à demeure ayant 60 centimètres de haut. Quelques-uns, au bout d'une année, avaient atteint 5 métrés d'élévation. L'accroissement en hauteur de ces arbres n'a pas maintenu sa progression première ; après ce premier élan, l'effort vital s'est porté vers le développement on diamètre. Le terrain où est établie cette plantation est en pente, et est naturellement sec pendant l'été. Un Eucalyptus globulus a été planté il y a huit ans, dans cette partie de l'établissement, c'étaitle premier introduit.il a été déraciné au mois de mars dernier, et son tronc, qui mesure 1^,66 de circonférence à la base, figure à l'Exposition universelle.

La formation de ces deux groupes, composés d'espèces presque exclusivement australiennes, a été facilitée par des envois de graines dus à M. Mueller, directeur du Jardin d'acclimatation de Melbourne, et les dons de la Société impériale zoologique d'acclimatation. Ils ont été complétés au moyen d'acquisitions faites chez les marchands de graines et chez les horticulteurs qui reçoivent beaucoup de graines australiennes.
Les Araucaria achetés en Angleterre, et plantés dans cette dépendance au commencement de 1863, ayant environ 50 centimètres de hauteur, au maximum, ont parfaitement prospéré. On peut en juger par les dimensions qu'ils ont acquises au bout de trois ans et deux mois. Des Araucariaexcelsa ont en ce moment à"1,50 d'élévation; des Araucaria Cooki, 2m,50 ; A. Cunninghami, 3m,50 ; A. Bidwillii, 2 mètres ; des Araucaria brasiliensis ont pris un développement qui permet de penser qu'ils ne tarderont pas à fructifier.
H Araucaria imbricata du Chili, essayé à diverses reprises et à diverses expositions, n'a jamais réussi. La température élevée et la lumière ardente de nos étés lui sont funestes. Il est à remarquer, d'ailleurs, que beaucoup d'espèces chiliennes n'ont pu réussir en Algérie.
Les Dammara plantés en 1863, et dont j'ai déjà eu occasion de parler, sont restés quelque temps stationnaires après leur plantation ; la chute de leurs plus anciennes feuilles pouvait faire craindre un commencement de dépérissement, mais l'année suivante ils ont repris vigueur ; les nouvelles feuilles qu'ils ont développées sur place résistent parfaitement aux fluc
tuations atmosphériques, et ne sont plus sensibles ni au siroco, ni au vent de mer, et leur situation est actuellement très- florissante.
Les Dammara sont des Conifères de première grandeur et qui sont des plus riches en résine. Originaires des régions montueuses de l'Océanie, ils présentent un grand intérêt pour l'Algérie, et l'on ne saurait les y introduire en trop grand nombre. Les Podocarpus, Toreia, Frenela, Biota, Libocedrus, établis sur ce point, ont parfaitement réussi; ce sont des espèces originaires des pays tempérés ot qui sont merveilleusement appropriées à l'Algérie.
Les Casuarina ont grandi ; parmi les six espèces mises en expérience, il en est une qui prime les autres par la rapidité du développement et par la grâce du port, c'est le Casuarina nodiflora, originaire de la Nouvelle-Calédonie.
Le groupe des Proléacécs présente une végétation et des formes remarquables, soit par leurs feuilles épaisses et coriaces, décomposées ou entières, sessiles ou pédonculées; tandis que les unes ont la grâce et la légèreté de la Fougère, les autres présentent la surface compacte d'un disque ; soit par leurs fleurs qui présentent toutes les gammes du blanc, du jaune et du rouge, disposées en bouquets à l'aisselle des feuilles ou, en capitules, au sommet des rameaux. Dans ce groupe se distinguent diverses espèces de Rhopala, arbres originaires de l'Amérique méridionale, dont un exemplaire est en fleur en ce moment.
Il faut maintenant descendre au centre de l'établissement, et je vais parler des plantations nouvelles qui ont été exécutées et dont il n'a pas encore été fait mention.
Les Myrtacées à fruits en baies ou pulpeux renferment des espèces précieuses, soit par leurs fruits comestibles, soit par l'arôme de leurs feuilles qui peuvent entrer comme condiment dans la préparation des aliments. Les feuilles duMyrcia pimentoides, originaire de l'Inde, ont la saveur acre et stimulante du poivre ; celles du Myrcia caryophylloides, originaire du Brésil, ont l'odeur agréable et pénétrante, en même temps que le goût relevé du girofle. Ces deux espèces fleurissent et commencent à donner des semences fertiles. Les Jambosa vtilgaris de l'Inde, /. malaccensis de la même contrée, Aquea des îles Moluques, amplexicaulis de Sumatra, ont supporté les abaissements de température de nos hivers sans en souffrir sensiblement. Les deux premières espèces donnent dans leur pays originaire des fruits piriformes, transparents, qui sont très-estimes. Il y a lieu de croire qu'avec le temps elles fructifieront également ici.

Parmi les Eugenia, dont plusieurs donnent des baies comestibles et d'un goût relevé, se distinguent par l'ampleur de leur feuillage YEugenia cauliflora du Brésil, et \'Ê. terni- folia de l'Inde ; six espèces de Psidium ou Goyavier, divers Grenadiers, quelques Myrtes exotiques à larges feuilles, complètent ce groupe.
La famille des Apocynées renferme un certain nombre de végétaux dont les propriétés sont suspectes, et quelques espèces sont décidément malfaisantes ; telle est notre Laurier- rosé, qui est si abondant dans les lits de nos rivières, ce qui ne l'empêche pas d'être un charmant arbrisseau par ses fleurs. Malgré sa fréquence, il n'occasionne cependant que fort peu d'accidents, parce qu'il est connu et signalé. Les animaux ne s'y trompent pas, et je crois que c'est le seul végétal que les criquets n'aient pas attaqué en Algérie. Cependant, toutes les plantes de cette famille ne sont pas vénéneuses, il en est de bienfaisantes et d'utiles, telles sont le Carissa carandas, qui renferme un principe fébrifuge, employé avec succès dans l'Inde; les Vahea de Madagascar; YUrceola de Sumatra, qui donne un bon caoutchouc, ainsi que quelques autres lianes inédites du Gabon. Telles sont encore les Hancornia du Brésil, le Melodinus de l'Inde, et le Carpodinus de Sierra-Leone, dont les fruils sont comestibles et rafraîchissants.
Dans le groupe de cette famille qui figure dans nos plantations expérimentales, se trouvent cinq espèces de Plwniera, ou Frangipanier, arbrisseaux aux rameaux charnus, gorgés de suc lactescent, donnant pendant l'été de nombreux bouquets de fleurs brillantes et répandant un délicieux parfum; ce sont : les Plumiera mbra, macrophylla et bicolor de l'Amérique australe ; le Plumiera alba de Madagascar, et le Plumieru acuminata de l'Inde; les fleurs de ces arbustes sont employées dans la parfumerie asiatique ; les racines et le suc propre sont usités contre diverses maladies dans les régions tropicales ; VArduinia bispinosa de l'Afrique australe, dont les Hottentots mangent les baies ; le Thevetia neriifolia des Antilles, aux larges fleurs jaune d'or; le Cerbera Manghas de, l'Inde, aux charmantes fleurs blanches et rosés, VAlstonia sc/tolaris des îles Moluques et de Timor ; le Dipladènia uro- phylla de l'Amérique méridionale ; le ttcanmontia grandiflora du Bengale, le Wrigthia tinctoria de l'Inde, dont les feuilles contiennent un magnifique indigo, mais dont l'extraction demande une préparation toute particulière.

Le groupe des Sapintlacées présente les Stadmannia australis de la Nouvelle-Hollande, Guiesbrechtii et Fraserii des parties tempérées de l'Amérique centrale ; ces arbres deviennent grands et ont un bois très-dense qui leur a valu le nom iï arbres à bois de fer; VAlectryon excelsum de la Nouvelle- Hollande, qui a les mêmes propriétés ; les Cupania tomentosa et sorbifolia de l'Amérique centrale ; C. filicifolia du Brésil, remarquable par l'extrême élégance de son feuillage ; les Sapindw indiens et emarginatus de l'Inde ; Saponaria et Surinamensis de l'Amérique méridionale ; cinereus de Madagascar ; Senegalensis de la Sénégambie, sont des arbres de moyenne grandeur, connus généralement sous le nom de Savonniers, qui donnent desfruitssphériques, ayant une coquo charnue. Cette coque forme une émulsion très-abondante dans l'eau, sert à laver le linge, au foulage des laines, et remplace le savon dans toute la zone tropicale. Le suc astringent que ces fruits renferment reçoit diverses applications médicales, notamment contre les hémorrhagies. Les graines sphériques et noires sont recherchées pour faire des chapelets. Les Sapindus indiens et surinamensis fructifient déjà abondamment dans l'établissement.
Ce groupe renferme encore VAmirola nitida du Pérou ; les Dodonea Burmanniana de l'Inde ; I). triquelra et D. Thun~ berrjiana delà Nouvelle-Hollande ; enfin, VEtiphoria
originaire de la Chine et de la Cochinchine, dont les fruits sont excellents à manger et jouissent d'une grande réputation dans l'extrême Orient. Cette espèce a déjà donné quelques fruits dans l'établissement, et les semences ont été soigneusement conservées pour la reproduction.
L'Kuphoria Litchi, arbre fruitier de l'Indo-Chine, donne de? fruits encore supérieurs. Ils sont tellement estimés en Chine, que, dans la partie la plus chaude de ce vaste pays, on élèvo des plants de Litchi dans des caisses, que l'on transporte, chargés de fruits, à Pékin, afin que l'empereur du Céleste- Empire puisse cueillir les fruits frais sur l'arbre même. Ce fruit se sèche, se conserve et s'exporte. J'ai eu l'occasion d'en voir à Londres en cet état, mais ils n'ont pas, tant s'en faut, la même qualité qu'à l'état frais.
Le Litchi s'est acclimaté dans la plupart de nos colonies tropicales, à la Martinique, à Bourbon, à l'île de France, mais il paraît qu'il est encore rare dans ces contrées, et son introduction au Jardin d'acclimatation du Hamma est vivement désirée.
Le groupe des Araliacées renferme les espèces suivantes, remarquables par leur feuillage généralement décoratif et qui, pour quelques espèces, acquiert une ampleur et un aspect qui n'est pas ordinaire. Les Panax crassifolium, integrifo- lium, tridaclylum, pentadactylum, Lessoni, arboreum, originaires de la Nouvelle-Zélande, ont généralement le feuillage d'une nuance excessivement foncée, tirant sur le bronze. Le Panax aculeatum de la Chine forme un arbrisseau très- fourni qui répand une odeur pénétrante et bien plus prononcée que chez ses congénères.
Les Paratropia longifolia, subobtusa, vemtlosa, Walli' chiana, elliptica, originaires de l'Asie tropicale, forment des buissons épais, d'un vert intense, aux amples feuilles, à digita- tions plus ou moins nombreuses.
Les Oreopanax yuatemalense, capitatum, peltatum> pla* tanifolium, daclyliferum, originaires des parties montueuses de l'Amérique centrale, sont remarquables par leurs grandes feuilles presque exclusivement palmées.

Le Gastonia palmata, originaire de l'Inde, a presque le même aspect. Le Bothryodendrum macrophyllum de l'île de Norfolk présente ses épais faisceaux de grandes feuilles luisantes. Il faut citer encore les Aralia nymphœifolia, lepto- phylla, Brownii, Sieboldtii, reticulata, farinifera, Huoelii, palmata, diversifolia, Lindenii, Thibautii, argentea, appartenant, en majeure partie, aux régions boréales de l'Amérique, au Japon et à la Chine ; enfin, Y Aralia papyrifera de l'île Formose, dont les grandes feuilles palmées, cotonneuses en dessous, atteignent ici jusqu'à 1 mètre de diamètre. L'établissement possède un exemplaire de Cette espèce qui a près de A mètres d'élévation, et qui envoie des rejetons dans tout le terrain environnant. Le tronc de ce petit arbre contient une moelle très-développée avec laquelle les Chinois préparent le papier connu sous le nom de papier de Chine. Cet Aralia peut devenir une plante industrielle pour l'Algérie.
Les Bignoniacées forment un groupe où se remarquent des végétaux recommandables par la beauté toute particulière de leur inflorescence et de leur feuillage, et quelques espèces par la qualité toute spéciale de leur bois.
Le Jacaranda mimoscefolia, originaire du Brésil, réunit, à lui seul, toutes ces qualités. Rien n'est élégant comme ses nombreuses feuilles bipennées; ses fleurs, d'un bleu lilas disposées en thyrses, sont des plus gracieuses. Son bois de couleur foncée est l'un de ceux connus sous le nom de Palissandre. Le Jacaranda pubescens est de dimension plus humble ; ses fleurs plus grandes sont de couleur violette.

(La suite au prochain numéro.)

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2« SÉrie, T. IV. — Août 18G7. 27

D'ESPÈCES LIGNEUSES EXOTIQUES,
Au Jardin D'acclimatation Du Hamma, A Alger
Par M. A. HARDY
Directeur du Jardin d'acclimatation d'Alger.
( Suite.)
Les Tecoma stans des Antilles, mollis et schinifolia du Mexique, fulva du Chili, Capense du cap de Bonne-Espérance, yrandiflora de la Chine, sont des arbrisseaux qui donnent une abondante floraison et qui sont on ne peut plus décoratifs.
Le Tecoma leucoxylon de la Havane et de la Barbade forme un arbre et donne un bois précieux connu sous le nom A'Ébène jaune. Le Tecoma œsculus du Brésil a des proportions plus grandes, et donne aussi un excellent bois d'œu'vre. Ces deux espèces sont très-vigoureuses et peuvent être considérées comme acquises au pays.
Le Tecoma pentaphylla dos îles Caraïbes et de la Martinique n'a pas résisté à des abaissements de température dedeui degrés au-dessus de zéro. Il en est de môme AuCrescentiacu- jeté, originaire des mêmes régions, tandis que le Crescentia ciicurbitina, originaire des parties sèches et élevées des îles de la Trinité, présente une bien plus grande résistance. Le Spathodea Watlichii est un grand arbrisseau dont je ne connais pas la patrie, mais je présume qu'il est originaire du haut Bengale. Son inflorescence n'est pasbrillanle, mais je ne sais rien d'aussi somptueux que son feuillage ; ses feuilles sont pennées, et les folioles ont jusqu'à 40 centimètres de long sur 25 de large.
Les Spathodea campannlata et tnlipifera, originaires de la Guinée, n'ont pu supporter l'abaissement de nos hivers. Par contre, les Colea floribunda et Commersonii de Madagascar se développent avec vigueur. L'Amphilophiurn Mutixii de la Nouvelle-Grenade; le Pithecoclhenium muricatum du Mexique et de Guatemala ; les Bignonia venusla, jasminifolia et

jasminoides du Brésil ; grandiflora de Caracas ; unyuis de Saint-Domingue, sont do grandes lianes qui prennent un développement considérable et qui donnent ici d'abondantes grappes de fleurs.
Le groupe des Laurinées renferme de nombreux arbres intéressants, à divers titres, par la qualité de leur bois, par la beauté de leur feuillage et par les arômes qu'ils dégagent de leurs feuilles, de leur écorce, de leur bois et de leurs racines. On y voit les Laurus cumphora et inuncta, qui produisent le camphre et dont les feuilles et le bois répandent cette odeur. Le Laurus caroliniana, avec le bois duquel on fuit de jolis meubles. Le Laurus indica> qui devient un arbre et fournit un bon bois d'ébénisterie ; l'Apollonius canariense, qui ressemble beaucoup à notre laurier commun; le Benjoin odori- ferum de la Virginie ; les Cinnamomum dulce de la Chine, albiflorutn de l'Inde, sont des espèces voisines de celles qui donnent la cannelle de Ceylan, et qui donnent elles-mêmes une écorce aromatique, connue sous le nom de cannelle de Chine; VOreodaphnefœtem de Madère, dont l'écorce est aromatique ; le Litsea glauca et le Daphnidinm gracile du Japon, arbres à feuilles odorantes ; enfin, le Persea gratissima qui donne un fruit appelé poire d'avocat^ qui est très-estime dans toute la zone tropicale. Cet arbre fructifie très-bien ici, et les fruits qui en sont obtenus ne sont pas, au dire des connaisseurs, inférieurs à ceux des contrées tropicales.
Les Tetranthera japonica du Japon, fwntginea de la Nouvelle-Hollande, iaurifolia de la Chine, sont de jolis arbres de troisième grandeur, toujours verts, dont le bois est estimé. Le dernier est cultivé en taillis, à l'île de la Réunion, et les jeunes, bourgeons sont donnés en pâture au bétail, d'après les renseignements fournis par le vénérable M. Richard, directeur du Jardin des plantes de cette colonie.
En suivant l'ordre de la plantation, Ifi groupe qui se présente ensuite est celui des Scrophularinées, les espèces composant celte famille ne révèlent guère leur utilité que par quelques propriétés médicinales, mais celles propres à l'ornement y abondent. L'espèce qui atteint la plus grande taille est le Paulownia imperialis, originaire du Japon, qui donne, chaque printemps, avant l'apparition de ses feuilles, une floraison fort brillante. Les Budleya madagascariensis de Madagascar, globosa du Chili, glaberrima du Népaul, salicifolia de l'Amérique australe, sont des arbrisseaux à rameaux plus ou moins déliés el sarmenleux qui, par leur floraison abondante, produisent le meilleur effet dans les massifs. Le Halleria Incida du cap de Bonne-Espérance produit le meilleur effet par ses nombreuses fleurs rouge-brique.

Les Russelia juncea, multiflora, carminea et pygnvpa du Mexique, sont des arbustes d'ornement tout à fait hors ligne par leurs nombreuses fleurs lubulées aux couleurs des plus brillantes.
Les Franciscea macrantha, hydrangeaformis, eximia, con- fertiflora, hopeatui, latifolia, laurifolia, tous originaires du Brésil, sont des arbustes dont les fleurs, au large limbe, colorées de nuances variant du violet pourpre au lilas clair, répandent dans l'air une odeur des plus suaves. Les Bnmsfelsia americana, undulata, violacea, originaires de l'Amérique tropicale, sont de taille plus élevée que les Franciscea ; leurs fleurs, de même conformation, naissent blanches et passent ensuite à la couleur jaune. Elles répandent également un parfum des plus agréables, surtout le soir. Les Franciscea et les Brumfelsia sont de précieuses acquisitions pour les jardins du littoral algérien.
Il ne sera parlé que pour mémoire de diverses autres espèces décoratives de la même famille dont la consistance est autant herbacée que ligneuse, telles sont : les Diplacus de la Californie; le Phygelius du cap de Bonne-Espérance; les Pentstemon et Chelone originaires du Mexique et du Texas ; les Maurandia el Laphospermum du Mexique ; les Veronica ligneuses de la Nouvelle-Zélande, qui réussissent bien pourvu qu'elles soient placées dans une terre légère et profondément .fraîche. Inutile de parler des espèces herbacées ou annuelles, de la même famille, dont la naturalisation est indiquée d'avance, telles que Linaria, Anlirr/tinum, Collinsia, Sctii- zanthus, Salpiglossis, Browallia, Minulus; par contre, la
culture des calcéolaires ne donne ici aucun résultat satisfaisant, tandis que sous des climats moins chauds et moins secs, elle est couronnée de succès.
Le groupe des Jasminées et Oléacées ou Oléinées renferme un grand nombre de végétaux économiques. A leur tête se présente l'Olivier, arbre spontané à l'Algérie, et dont les produits feront un jour la richesse la plus importante, la plus nelte et la plus solide de ce pays. L'espèce en elle-même n'était pas à introduire, mais il y a eu à s'approprier diverses bonnes variétés qui étaient disséminées dans ses diverses régions cul- turales.
Le Noronhia emarginata ou Olea emarginata est originaire de Madagascar. C'est un arbre magnifique dont les feuilles larges, épaisses et coriaces, et les rameaux droits ont un aspect qui diffère essentiellement de celui de l'olivier ordinaire.
Les Frênes se mêlent à cette famille et sont représentés par les espèces d'Europe, d'Afrique et d'Amérique. Le Fraxinus jttglandifolia, originaire de l'Amérique septentrionale, est un des plus remarquables par l'ampleur de son feuillage, ses grandes dimensions et la qualité de son bois ; YOrnus rotun- difolius donne la manne dite de Calabre ; YOrnus europœus. ou Fraxinus orntts donne une floraison réellement ornementale; les Ligustrum japonicum du Japon, sinense, ovalifolium de la Chine, et vulgare de l'Europe, sont de charmants arbrisseaux d'ornement. Le premier prend un développement assez considérable, le troisième donne des thyrses de fleurs blanches, presque aussi bçaux que ceux du lilas. Le bois du Ligustrum ou Troène est propre à un grand nombre d'usages; les jeunes rameaux sont flexibles et propres à la vannerie; les Osmanlhtis ilicifolius et fragrans sont des arbrisseaux de la Chine, dont les fleurs, peu apparentes, répandent l'odeur la plus suave et la plus délicate. Ces fleurs sont employées par les Chinois pour parfumer diverses sortes de thés.
Les Jasminum grandiflorum, odorat issimum, revolutum, Wallichiamtm, flexile, heterophyllum, originaires de l'Inde, officinale, pubescens, unditlatum de la Chine, trinerve de Java, glaitcnm du cap de Bonne-Espérance, Bouquetli d« la Nouvelle-Calédonie, Asoricum des îles Açores, s» couvrent de fleurs qui remplissent l'nir Je leurs parfums. Le» fleurs de la plupart des Jasmins sont distillées pour la production des essences; à oe titre, ces végétaux ne sont pas seulement de pur ornement, ils ont aussi le caractère industriel au premier chef.

Lo groupe des Malvacées, dont nous allons nous occuper, ne se compose pas seulement de plantes d'ornement dont plusieurs sont très-belles; presque toutes les plantes de celle famille recèlent dans leur écorce des fibres textiles qui sont diversement employées en industrie pour la confection des cordages, des toiles communes, du papier, etc. Mais le nombre des plantes qui sont uiilisiVs ainsi est trés-rostreint en comparaison de la quantité considérable d'espèces de la même famille qui pourraient être industriellement exploitées de la mAme manière. Il ne faut pas oublier que le cotonnier, dont les filaments soyeux ne résident pas dans l'écorce, mais sont une expansion de la surface de la graino et sont enfermés dans une capsule, fait partie de la famille des Malvacées.
Voici les espèces les plus remarquables pnrmi celles de cette famille qui peuvent être considérées comme acquises au pays.
La Kitebelia vitifolia de Hongrie fournit une végétation vigoureuse, produit de nombreuses fleurs blanches, et ses liges contiennent en abondance des fibres textiles que l'on peut exploiter; les Lavntera maritima,hlspida et arborea de l'Europe australe, sont très-décoratifs et leur écorce se compose de réseaux do fibres utilisables pour la fabrication du papier. Les racines, les feuilles et les fleurs sont émolliontos.
Le Spharalcea nutans du Brésil forme un arbrisseau de 3 à 4 mètres,garni d'un ample feuillage; à l'arrière-automne, il se couvre de nombreuses fleurs en forme de cloche, pendant à un long pédoncule, et de couleur violet pourpre. Le» rameaux contiennent dos réseaux textiles.
Les Pavonia spinifex et Thyplielea des Antilles, ftaitata du Brésil, et cmieifolia du cap de Bonne-Espérance, sont de charmants arbustes dont les propriétés textiles peuvent être utilisées surtout dans la seconde espèce.
Parmi les Ilibiîcui ou Ketmie», on distingue VU. abelmos-

chu» de l'Inde, qui prend un grand développement et dont les tiges sont susceptibles de produire en abondance une filasse propre a faire de» éloffeg. Ses graines, connues sous le nom d'4 mire/te, sont quelquefois employées comme stimulants. En Arabie, on les mêle au café et au musc ; Y Hibiscus cannabinus et diversifolius de l'Inde, outre des fleurs très-belles, ont des propriété textiles parfaitement accusées ; les Hibiscus mutabi* lis è fleurs simples et la variété à fleurs doubles qui donne une si brillante floraison à l'automne ; les H, umbellutus et imnwtabilis peuvent être mis en coupe réglée pour la production de la filasse ; les U. liliïflorm de l'île de la Réunion et p/iaanicms de l'Inde sont deux magnifiques arbrisseaux qui se couvrent, pendant toute l'année, de larges fleurs on clochettes réunissant les couleurs les plus éclatantes; Yffibitcw rosa si' neruia et ses variétés a flaurs doubles, rouges et jaunes, originaires du midi de la Chine, ni- sont pas moins brillantes ; la Ketmie rosé de Chine est appelée par nos créoles des colonies 'Foulsapale, Los fleurs de cette espèce sont employées par les Chinois et les Océaniens pour colorer en noir les étoffes, le cuir et la peau, comme font les Arabes avec le henné,
Le Pfiritittm drcinattim ou Bibimta tiliacevs, originaire de l'Inde et des îles do l'océan Pacifique, a une grande valeur économique à ajouter à l'aspect le plus décoratif, et il réussit bien ici. On l'appelle, selon le pays, bois de/lot, bois de liège et grand Mtthot; see fleurs et ses racines sont émollienteg. Les Néo-Calédoniens emploient les jeunes pousses comme aliment. Son bois, qui eut léger, au grain fin, it qui flotte sur l'eau, sert en guisa de liège pour les filets de pécheurs dans les contrées asiatiques, On en fait de jolis petits meubles de fantaisie, mais se. propriété laplus importante réside dans ses fibres textiles, qui sont très-abondantes et d'excellente qualité, et avec lesquelles, dans l'Inde, on fail des cordes et do bons tissus.
\aWSiAapulchellfifc la Nouvelle-Hollande ; mol/issima du Pérou, spieatft de Saint-Domingue, vesicqria du Mexique, wbww du Pérou, vitifolid- du Chili, eswhnto du Brésil, refusa de l'Inde, sont des plantei d'ornement qui peuvent pawer dans le domaine industriel par les fibres ligneuses

qu'elles renferment. Il peut en être de même des Abutilm venosum, Bedfordianum, tous originaires du Brésil, et qui, outre leur effet décoratif qui seul a été utilisé jusqu'à présent, peuvent donner des fibres d'une grande finesse et d'une grande force.
Dans le groupe des Rubiacées, on voit le Nanclea cordata de Java, remarquable déjà par ses larges feuilles cordiformes; le Coprosma lucida, arbuste toujours vert de la Nouvelle- Zélande, dont les racines sont cultivées par les indigènes; le Psychotria emetica de la Nouvelle-Grenade, dont la racine donne la drogue connue sous le nom d'Ipécacuanha strié; les Pavetta gracilis, ovalifolia, rotundifolia de Madagascar ; le Chiococca racemosa des Antilles et de l'Amérique méridionale, dont l'écorce de la racine appelée racine de Caïnca, est diurétique et purgative ; VHamelia patens de l'Amérique méridionale, arbrisseau aux nombreuses fleurs rouge vif, dont les baies acides sont employées contre la dysenterie et le scorbut ; le Rondelet ia speciosa du Mexique, aux fleurs' coccinées ; le Luculia grandiflora du Mexique ; le Gardénia Thunbergia du cap de Bonne-Espérance; le Sipanea carnea de Cayenne, aux magnifiques corymbes de fleurs cannées; le Rogiera macrophylla de Guatemala ; le Vanguiera fdulis de Madagascar, dont le fruit est très-estime dans le pays; le Baconia coffeoîdes des îles Comores, arbuste qui ressemble au cafier; enfin, le Coffea arabica lui-même, montre en ce moment des baies.
Le Cafier a déjà été essayé dans l'établissement; les plants se sont élevés en peu de temps à près de 2 mètres de hauteur. Ils ont fructifié tant qu'ils ont pu être abrités, par des claies, de la grêle et des giboulées de l'hiver; mais, lorsque leur élévation n'a plus permis de les abriter ainsi, ils ont été détruits par une neige fondante qui s'est glacée sur les rameaux à la fin de février; ils étaient alors couverts de fruits déjà rouges. Le Cafier pourrait venir dans certains endroits privilégiés, moyennant ces abris confectionnés avec des claies de roseaux; mais il ne parait pas probable que le produit des récolles puisse supporter les frais de semblables installations.

Dans le groupe des Malpighiacées se présentent \Biptage madablota, de l'Inde, le Banisteria laurifolia, le Stigma- phyllum ciliatum, le Bnnchosia nitida; et le Byrsonima volubilis, du Brésil. L'Heteropteris argentea, de la Nouvelle- Grenade; les Malpighia macrophylla, du Brésil; les M. coc- cifera et M. urens, des Antilles ; le M. punicifolia, de l'Amérique méridionale. Quelques Malpighiacées ont des propriétés thérapeutiques; mais l'importance économique des végétaux de cette famille est à peu près nulle ; ils n'ont de valeur que sous le rapport ornemental. 11 s'y trouve surtout de fort belles lianes.
Dans le groupe des Solanées, on ne voit, ainsi que dans tous les autres, du reste, dont nous nous occupons, que des espèces ligneuses, dont le principal mérite est de servir à l'ornement des jardins, soit par leur floraison, soit par l'aspect de leur feuillage. Les espèces de cette famille qui se recommandent le plus par leur caractère économique sont herbacées, telles que la Pomme de terre, l'Aubergine, la Tomate, le Piment, le Tabac, et diverses autres herbacées qui ont des propriétés médicinales accentuées, telles que la Belladone,la Mandragore, la Stramoine ou pomme-poire épineuse, la Jusquiame, la Molène, etc., originaires, pour la plupart, de nos climats septentrionaux.
Dans ce groupe, on voit le Fabiana imbricata, du Pérou, dont les rameaux, qui ressemblent à ceux de la Bruyère, se chargent de nombreuses fleurs blanches tubulées. Le Nierem- bergia gracilis, de Buenos-Ayres, charmante miniature toujours fleurie. Le Datura arborea, du Pérou ; D. suaveolens, du Mexique; D. humilis, de l'Amérique australe; les fleurs de ces Datura s'emploient contre l'asthme, comme celles du Datura ordinaire.
Parmi les Solarium, on remarque le Solanum quitoense, de Quito ; le S. laciniatum, de la Nouvelle-Hollande ; le S. jas- minoides, du Brésil; S. auriculatum, de Madagascar; S. au- rantiacum, du Brésil; S. xanthocarpum, de l'Inde; S. bona- riense, de Buenos-Ayres; S. lanceolatum, du Mexique; S betacenm, de la Nouvelle-Espagne ; S. marginatitm, d'A
byssinie; S. gleuicophyllum, du Brésil; S, robmtttm, du Brésil; S. macrocarpum, do l'Jlo Maurice,
La plupart de ces espèces ont dos propriétés résolutives ; les fruits du Salonum betaeeum, qui sont do la grosseur d'un œuf de poule et qui en ont la forme, sont employés, a parfaite maturité, dans l'Amérique méridionale, éi faire des marmelades que l'on dit délicieuses. Cet arbre fructifie abondamment ici.
Le Nycterium amazonicum, du Mexique, est un charmant nrbusto, qui est couvert, en toute saison, de grandes (leurs bleues violacées.
Les Solandra grandiflnra et nitida, du Mexique, S. hir- ntta, du Brésil, sont de» arbrisseaux sarmonte.uv qui donnent de grandes fleurs tabulées remarquable».
Les Ccstntin mtrantiacum, de Guatemala; ('. roswtm, du Mexique; C. Pargui, du Chili; C, conferttim, du Pérou; ('. ve&pei'iinum, de» Antilles; C. çaulifîorum, do la Marti' nique; C. tmriciilatwn, du Pérou; C. diurmim, de la Ha- vann, C. noctumum, de la Jamaïque, «ont dos arbrisseaux touffus dont les nombreux rameaux «ont torminés par des faisceaux do fleurs 4 couleurs vivos, dans la plupart dea eapér ces. Ûuelquûâ»unes exhalent une excellente odeur le soir. Ce sont des arbrisseaux précieux pour la décoration et qui sont en général des plus rustiques.
Les Halirotfiamnua eltyaiu et //. faseiçiilatux, du Mexique, et diverses variétés horticole», sont des arbrisseaux précieux pour l'ornementation, en ce qu'ils donnant pendant tout l'hiver da nombreuses panimilcs de fleurs rosés foncées.
Le Ch(B»nattes laneeolaln, de la Nouvelle-Grenade, donne pendant l'hiver da nombreux oorymbos do fleuris longuement tabulées, d'un rouge vif, ainsi que Yfochroma tubulosum, du Pérou, dont les fleurs, do mémo forme, sont d'un beau bleu indigo. Le Jitanulloa aurantiaea, du Mexique, montre Sob grosses fleurs lubulées, jauna-orange, et recouvertes d'un calice d'une soûla pièce, ayant identiquement la môme couleur.
Le gruupti des Barraginées-CQrdiacées compose un assemblage d'espèces ligneuses intéressantes à plus d'un titre. Le

Cordia amplifolia, de l'Jlo Maurice, donne des feuilles d'une très-grande dimension. Les Cordia crenata, de la haute Egypte, et C, myza, du Malabar, donnent dos fruits employas en médecine, et leur écorco ost considérée comme fébrifuge dftR8 certains pays. Les Cordia ncabra, de l'Inde, C. bullata, de la Jamaïque; Ç, obliqua, du Brésil; C. parviflora, du Mexique ; 6'. patagonula, de la Patagonio, sont des espaces d'ornement. UEhntia tinifolia, des îles Caraïbe» et E. ser- rata, du Bengale, sont propres a la décoration des jardins; le Varrania martinicotws donne, dan» son pays, des baies aigrelettes recherchées par les enfanta. Les Tournsfortia an* (jmtifolia, du Pérou, et T. heliotropioldes, de BuenoS'Ayres, joignent des propriétés médicinales à ce qu'elles présentent pour l'ornemântalion.
Nous arrivons à ce qui a été planté de la grande famille des Légumineuses, si riche en espèces alimentaires industrielles et économiques, ainsi qu'en plantes d'ornement, Cette vaste famille ge divise en plusieurs tribus.
La tribu des Papilionacôes est représentée par le Lotus jacabeuf, des îles du cap Vert; Les Amwpha, caroliniana, eiata, frutiww et Leivisii, de l'Amérique septentrionale. Le Goodin medicaytnea, de la Nouvelle-Hollando ; le Rahinia et ses diverses variétés, dontleboig a des applications ai diverses. Les Swainsonia, de la Nouvelle-Hollande ; le Sntherlandia fmteacen», du cap de Bonno-Espôranoe ; diverses Coronilla, Indigofwa, Qwùta, Spartium, Medicago et beaucoup d'autre» espèces, dont rénumération détaillée gérait trop longue.
La petite tribu des Dalbergiéag nous présente le Ponga- mia glabra, de l'Inde ; le Dalberyia ebemis, de la Nubio, dont le bois noir ressemble à l'ébéna.
La tribu des Sophorées, trèS'étendue, nous présenta les Edwardsw mvsrgphylla et grtmdiflora, arbres à feuilles menues, de la Nouvelle-Zélande ; le Sophora littoralis, du Brésil ; la Virgilia aurea, d'Abys&inio, arbrisseau aux nombreuses fleurs jaune d'or; elle Sophora spcun
  • a, do la Nouvelle- Espagne, qui a les fleurs bleues. Le CVarf/wifm tincturia, arbre très-décoratif, de l'Amérique septentrionale, dont le

    bois donne une magnifique couleur jaune. Le Styphnolobium japonicum, grand arbre du Japon, dont les fleurs donnent une excellente couleur jaune, et dont le bois est très-solide. Le Castanospermiim australe, grand arbre de la Nouvelle- Hollande, dont les gousses énormes contiennent des graines de la grosseur d'une châtaigne, et qui remplit le même office dans l'alimentation. Les Guilandina bonduc et G. bonducella, de l'Inde; G. glabra, de l'Amérique australe, sont de grands arbrisseaux sarmenteux, à épines nombreuses et qui ont diverses propriétés médicinales. Ils peuvent servir à faire des haies très-défensives. Leurs graines, assez grosses, à péri- sperme corné, nommés coniques ou caduques, servent à faire des breloques et des colliers. Le Coulteria tinctoria, de l'Amérique australe, donnent de nombreuses gousses, aussi riches en tannin que la noix de galle. Ce grand arbrisseau est très- propre à faire des haies, et l'établissement l'a déjà vulgarisé sous ce rapport. Les Cœsalpinia mimosoides, de l'Amérique australe; C. sappan, de l'Inde; C. coriaria,Ac l'Amérique méridionale, donnent des bois de teinture et des fruits qui sont employés pour le tannage des cuirs. Ceux de la dernière de ces trois espèces sont connus dans le commerce sous le nom de Dividivi. L'Hœmathoocylon campechianum, qui produit le vrai bois de Campèche, réussit admirablement. Le Parkin- sonia aculeata, de l'Amérique méridionale, donne de brillantes fleurs jaunes; le Cadia tamarindifolia, de l'Arabie ; le Tama- rindus indica, grand arbre qui, dîins son pays originaire, donne des gousses pulpeuses, aigrelettes, qui sont diversement employées dans l'art du confiseur; on en fait des sorbets.
    Les Cassia, au nombre de vingt-deux espèces, figurent dans ce groupe. Les unes sont remarquables par l'éclat de leurs fleurs; les autres sont intéressantes par leurs propriétés médicinales.
    Les Schotia speciosa et latifolia sont des arbrisseaux toujours verts du cap de Bonne-Espérance. Les Bauhinia adan- soniana, du Sénégal; B. variegata et purpurea, de l'Inde; les B. Richardsoni, de Madagascar; le Jonesia azoca, de l'Inde ; les Moringo pterigosperma et M. optera, de l'Inde, arbres qui donnent des semences oléagineuses, dont on extrait, par expression, une huile connue sous le nom à'huile de Ben, qui est recherchée dans l'industrie parce qu'elle ne rancit pas, et surtout pour la fabrication des parfums. Cette huile, au bout d'un certain temps de repos, se sépare en deux par- lies, l'une épaisse et concrète, l'autre, parfaitement fluide, qui est surtout recherchée pour l'horlogerie. La première de ces espèces est en ce moment en fructification dans l'établissement. Il faut citer encore, comme faisant partie de cette tribu, les Brownea erecta elprinceps, de l'Amérique australe, et le B. racemosa, de Caracas.

    (La fin au prochain numéro.)


    D'ESPKCES LIGNEUSES EXOTIQUES,
    Au Jardin D'acclimatation Du Hamma, A Alt.er
    Par M. A. IltUlll
    IHp'ecIcur tin Jardin d'iicclimataliun !' \i
    (Suite et fin.)
    Dans la tribu des Mimosées se présentent d'abord les diverses espèces A\\a.nin qui produisent des Connues ; un grand noinlire d'espèces conrourent à fournir ce que l'on connaît, dans le commerce de la droguerie, sous le nom de gomme arabique. Elles sont représentées par huit espèces dans les collections du Jardin du Hannna, ce sont : les Acacia Adan- soni et .!. vcra, du Sénégal; .4. Vereck, de la Sénégambie; A. eappusis et A. hnrrida, du cap de Bonne-Espérance; A. MÛotica, de l'Egypte; A. ara/iiw, de l'Arabie; Y Acacia Uatff/iu, de l'Inde, une des plantes qui exsudent le Cachou. On sait que l'exsudation de la gomme arabique est la conséquence de l'élut maladif des arbres qui la produisent. A la suite d'une sécheresse intense, sous l'influence d'un vent chaud et sec, le mouvement de la sève s'arrête, les tissus se contractent et se déchirent par places. C'est, alors que la gomme apparaît à la surface de l'ècorce
    Les Acacia Mi/teck, de l'Inde; A. Icbliwkoïdi:*, de Timor; .1. lucidfr, de l'Inde; .1. tini/to, de l'Uruguay; .1. proso- poï(/es, de la Nouvelle-Espagne, sont remarquables par leur élévation et le bois d'oeuvre qu'ils sont susceptibles de donner.
    du Mexique, mérite, une mention particulière, par l'énorme dimension de ses épines blanches; VAaicia flmrni'd, de l'Inde, par l'étrange développement de ces mêmes appendices; Y A. .w/ imlidcns, de Madagascar, dont les aiguillons blancs, triangulaires, sont rangés symétriquement le long du pétiole, et simulent de petites dents de requin. Enfin, Ironie-cinq espèces d'.l'.w-///, à feuilles composées, originaires des régions intertropicales, sont représentées dans ce groupe.
    Le Mimoea sensitiva, du Brésil, violacca et striyosa, de l'Orénoque, ont de longs rameaux flexibles sur lesquels s'éta- gent de nombreuses fleurs globuliformes; leurs feuilles sont sensibles et se replient sous le toucher.
    Le groupe des Inya renferme des espèces qui, à l'extrême élégance de leur feuillage et de leur floraison, ajoutent, pour la plupart, un intérêt économique réel; telles sont les Imja vaga, de l'Amérique centrale ; Inr/n vern, du Brésil; /. a/ata, hœmatoxylon et ferntyinea, des régions chaudes de l'Amérique, qui donnent des gousses cbarnues, dont la pulpe est sucrée et employée à divers usager alimentaires.
    Nous arrivons au dernier groupe installé dans ces derniers temps ; c'est celui des Euphorbiacées.
    Les végétaux qui composent cette famille sont généralement considérés comme vénéneux. Cependant, il faut reconnaître qu'on a grandement exagéré sous ce rapport. Beaucoup d'espèces contiennent, il est vrai, un lait toxique ou une sève Irès- âcre; d'autres, dont la sève est inoffensive, renferment do? principes drastiques dans quelques-uns de leurs organes, el principalement dans leurs graines.
    Les feuilles de quelques plantes de la famille des Euphoo biacées sont mangées sans inconvénient par les animaux, principalement par les insectes. Ainsi, le ver à soie Serirnria arrindia se nourrit des feuilles de Ricin. Les criquets mangent impunément toutes les Euphorbiacées.
    Les représentants de la famille des Euphorbiacées appartiennent à peu prés à tous les climats; seulement, dans les régions septentrionales, ils ne Jîgnrent que par des herbes annuelles; ils deviennent vivaces, puis ligneux à mesure que l'on descend vers l'équaleur, et dans les régions tropicales ils atteignent la dimension des arbres les plus élevés.
    Le Mancenillier est l'espèce de cette famille à laquelle on a accordé le plus de célébrité à cause des principes malfaisants qu'elle est réputée répandre autour d'elle. L'audition de l'opéra /"Africaine n'a pas peu contribué à accréditer cette
    triste réputation dans lo public, qui n'est pas tenu, il est vrai, de connaître à fond l'histoire botanique des plantes. La vérité est que le Mancenillier ne répand pas d'émanations malfaisantes autour de lui, que l'ombre qu'il projette n'est pas plus pernicieuse que celle des autres arbres. 11 ne peut produire d'accidents que lorsque le suc qui est contenu dans ses vaisseaux est mis en contact avec nos organes sensibles, tels que les yeux et la bouche; sur la peau, il produit des ulcères, et le suc, ingéré en certaine proportion, occasionnerait infailliblement la mort; mais en cela son action n'est pas plus malfaisante que celle du lait de l'Euphorbe, réveille-matin de la flore française, qui est abondant partout dans nos champs et dont personne ne se préoccupe autrement que de laisser cette herbe tranquille.
    Malgré les propriétés délétères de quelques-uns de ses membres, la famille des Euphorbiacées est cependant l'une de celles qui donnent le plus grand nombre de produits-utiles à l'homme, sous le rapport alimentaire, industriel et médical.
    Ainsi, le Manioc, par l'énorme quantité d'excellente fécule que renferme ses racines, forme la base de la nourriture des habitants des régions intertropicales. La plus grande quantité et la meilleure qualité de caoutchouc employées dans notre industrie viennent du bassin de l'Amazone, et sont extraites d'une Euphorbiacée arborescente de première grandeur, le Siphonia elnxtica. Une autre Euphorbiacée de Ceylau, YAteit- rite.t Iftccifera, donne une gomme-laque très-estimée. Le Stillinyia sebifera donne un suif végétal que les Chinois savent utiliser en grand pour leur éclairage. UExcœcaria Agallocha, donne un bois très-odorant qui joue un grand rôle dans la parfumerie orientale. Les graines grosses de VOmphalea cor- ddtn et de l'Alettrites ambinux sont comestibles comme nos noix. Un grand nombre d'espèces donnent des graines dont on extrait des huiles comestibles, mais plus fréquemment et en plus grandes quantités, des huiles propres a l'éclairage, siccatives et utilisables de diverses manières dans l'industrie. Enfin, la majorité des espèces de cette famille est affectée, le plus souvent avec succès, à des usages médicinaux; mais il convient de ne s'en servir qu'avec les plus grandes procautions.

    Nous nous sommes un peu (''tendu sur celte famille végétale cl nous essayons de la réhabiliter, parce qu'un grand nombre de ses représentants nous paraissent devoir acquérir une importance réelle pour l'agriculture et l'industrie algériennes.
    Les espèces suivantes composent le groupe des Euphorhia- cées qui a été planté dans l'établissement.
    lïEvphorlria splendens, de Madagascar; \'K. Jaeyuitup- flora, du Mexique, donnent des fleurs remarquables par leur éclat et par leur nombre. L'Eujihorbia sanguineti, d'Arabie, et l'E. viryi/ft, de Hongrie, se distinguent par l'ensemble de leurs formes. Les Euphorbes aphylles, à tiges et rameaux charnus, ne sont pas compris dans ce groupe, où les conditions d'exposition et de cullure ne pourraient leur convenir. Ils sont tenus en réserve pour être traités avec les Cactées, pour lesquelles un emplacement spécial est en voie de préparation.
    La Polnsetlifi pulcJterrima, originaire du Mexique, étale ses brillantes bractées rouges, qui produisent un eflet si décoratif à l'automne. Cette plante a été largement vulgarisée par l'établissement; elle embellit aujourd'hui la plupart des jardins: nous avons deux variétés de cette plante : la Poinsettia sper- lalri/is, dont les bractées sont plus grandes et de couleur plu* vive, et la Poinsfttin fulescenx, dont les bractées sont jaunes. La Poinsettia cyathophore est une miniature de celle-ci, qui se reproduit très-facilement de graines.
    Les Xylophyllti montant!, nrbuscula, nnyiisti/oliu, de la Jamaïque; A', latifolin, des Antilles; A^. lungifolia, de l'Inde, réussissent parfaitement et présentent de l'intérêt par leur organisation, en ce sens que ce sont des rameaux aplatis ou fasciés qui remplissent l'oflice de feuilles.
    Les P/iyllanthiis yrandifoliit3,Ae Porto-Rico, et /'. jiiylaii- ilifolia, de Saint-Domingue, réussissent également. Le Ct>- rfiœum vnrifgntuin et, anyuxtifoliHHi, de l'Inde, sont des arbrisseaux qui frappeul les regards par les panachures de leur feuillage; ils résistent assez bien à nos abaissement dç température.

    Le Croton tiylium réussit parfaitement et donnera probablement des graines prochainement. Ces graines, que l'on nomme, dans la droguerie, graines des Moluques, graines de Tilly, petit pignon de l'Inde, sont employées comme purgatives, et l'on en tire l'huile de croton, qui est appliquée en médecine comme révulsive. Le Croton balsamifemm, de l'Amérique méridionale, commence à donner des graines. Il découle de cet arbre une résine balsamique qui sert à aromatiser les liqueurs; on obtient également de ses feuilles, par distillation, des produits odorants qui sont diversement employés. Le Croton discolor, des îles Caraïbes, est une espèce d'ornement.
    Le Stillingia sebifera de la Chine est un arbre de haute taille qui fructifie abondamment ici. De la substance sébacée qui recouvre les graines, les Chinois tirent les principaux éléments de leur éclairage. L'acclimatation de cet arbre ici est un fait qui pouvait être prévu d'avance à cause de la similitude des climats entre son pays d'origine et le pays d'introduction qui nous occupe.
    Le Curcas purgans ou Jatropha cuiras de l'Inde, nommé, selon les contrées, M edicinier, pignon d'Inde, pignon de Barbarie, noix médicinale de l'Amérique, noix des Barbades, Ricinus amcricanus major seminv nigro de Bauhin; Ricinoï- des americana, gossypifolia de Tournefort, est un grand arbrisseau à feuillage épais d'un vert sombre, à odeur vireuse. Il donne en abondance de grosses semences, dont on tire aux colonies une huile qui est purgative et bonne à brûler ; les racines teignent en violet.
    L'Adenoropium multifidum ou Jatropha multifida appelé Médicinier d'Espagne, ou noisette purgative, donne des graines plus grosses que l'espèce précédente, elles ont les mêmes propriétés ; mais cet arbrisseau est en môme temps une espèce décorative au premier chef. Ses larges feuilles palmatifides à divisions dentées sont très-élégantes, tandis que ses fleurs, petites, d'un rouge vif, sont portées sur des pédoncules qui prennent la même couleur avant l'épanouissement complet des fleurs; l'ensemble de cette inflorescence ressemble à une branche de corail en miniature. L'Adenoropium pandurœfoliwn V SÉrie, T. IV. — Septembre 1867. 33

    est un arbrisseau d'ornement qui donne de. nombreuses fleurs du rouge le plus vif.
    L'Aleurites moluccana, ou noyer de Bencoul, donne des graines grosses qui se mangent comme nos noix et qui peuvent donner de l'huile par expression ; malheureusement cet arbre est fréquemment attaqué ici par le Cocctts sylcestris qui lui cause le plus grand dommage.
    \!Anda Gomexii est un arbre du Brésil qui a une grande importance par ses graines volumineuses qui donnent de l'huile en abondance. Au Brésil, cet arbre passe pour èlre l'espèce la plus avantageuse à exploiter sous ce rapport, quoique sa culture ne soit pas encore entreprise et que l'on se soit contenté jusqu'ici de recueillir les produits à l'état sauvage. La grande vigueur des sujets que nous avons plantés nous donne l'espoir d'une complète réussite.
    Le Manihot utilissitna ou Manioc, qui a une si grande importance dans les contrées intertropicales, sous le rapport alimentaire, nous a donné d'excellents résultais, au moyen d'une culture appropriée. Chaque plante nous a donné, dans une saison, 3 kilogrammes, en moyenne, de tubercules, ou plutôt racines charnues. Les plantes sont espacées de 1 mètre en tous sens, ce qui donne 30000- kilogrammes de tubercules, en moyenne, par hectare. 11 faut à cette plante une terre abondamment fumée et de l'irrigation pendant l'été.
    Nous terminerons ce qui nous reste à dire sur ce groupe par le Ricin.
    Le Ricin, nicinus, originaire des pays chauds, est représenté par plusieurs espèces ou variétés qui peuvent s'adapter, en Algérie, aux diverses natures de sol et aux diverses expositions. Le Ricin est une plante ligneuse qui peut donner des récoltes successives pendant quatre à cinq ans sans exiger de travaux de renouvellement. Le poids de la graine qu'une plantation donne par an est plus élevé que celui de n'importe quelle plante annuelle oléifère que l'on cultive dans le Nord ; l'huile de ricin est excellente pour l'éclairage, et elle a un emploi avantageux pour la fabrication du savon. Marseille offre un débouché illimité à cette graine.

    On doit s'étonner de voir ici préférer la culture du Colza à celle du Ricin. Le Colza est une plante trop avide d'engrais pour l'Algérie, où la production et l'emploi du fumier en proportion convenable ne sont pas encore passés dans les habitudes agricoles. Avec une pareille culture et dans de telles conditions, on aura vite épuisé la fertilité native des terres. Lo Ricin, au contraire, fait partie de la culture arbustive, qui doit être la culture caractéristique d'une région où la sécheresse est annuellement prolongée et intense, où les pluies, souvent très-abondantes pendant l'hiver, sont trop fréquemment un obstacle à ce que de grands ensemencements annuels puissent se faire dans de bonnes conditions. Enfin, le Ricin, par ses racines puissantes, va puiser profondément sa subsistance, ses larges feuilles empruntent beaucoup à l'atmosphère, ses débris organiques restituent sur place à peu près ce qu'il a enlevé au sol ; il n'y a que la graine qui est soustraite. On objecte que la séparation des graines d'avec la capsule présente des difficultés. Ces difficultés ne sont qu'apparentes et elles disparaissent en prenant pour auxiliaire, dans celte opération, un temps sec et chaud ; le siroco est éminemment favorable à ce travail. On peut aussi arriver à atténuer l'inconvénient signalé en choisissant de préférence, pour la reproduction, les variétés dont les valves des capsules se séparent avec le plus de facilité.
    Ici se termine la revue des végétaux exotiques qui ont été soumis aux épreuves du climat algérien dans ces dernières campagnes. Le nombre des espèces qui ont réussi est beaucoup plus considérable qu'on ne pourrait le supposer d'abord, d'après les indications spéculatives de la géographie botanique. Ainsi que nous avons déjà eu l'occasion de le dire plusieurs fois, il n'y a que l'expérience directe qui puisse donner des indications exactes, en ce qui concerne l'acclimatation des végétaux en Algérie, dans les zones où l'abaissement de la température n'atteint jamais le point de congélation. Ces expériences amènent très-souvent les résultats les plus inattendus et qui démontrent une fois de plus que des espèces, en nombre assez considérable, ont «ne organisation particulière,
    un tempérament flrxiblo qui leur permet, avec le secours de
    l'homme, d'occuper des aires beaucoup plus étendues que celles qui paraissaient leur être assignées primitivement par la nature du climat où elles ont pris leur origine.
    En suivant le plan de ce qui vient d'être commencé et qui a donné des résultats si encourageants, on se propose de soumettre successivement aux mêmes épreuves et, d'après la même méthode, toutes les familles végétales qui peuvent être cultivées el représentées par le plus grand nombre possible d'espèces intéressantes et utiles.
    De celte vaste étude, si elle peut être conlinuée ainsi qu'elle est conçue, il sortira infailliblement de nombreux éléments qui serviront à constituer une agriculture propre à l'Algérie.
    En eilet, chaque région culturale a un caractère qui lui est particulier, une physionomie qui la distingue.
    L'agriculture algérienne, telle qu'elle existe, telle qu'elle se présente en ce moment, n'a encore aucun caractère ; elle se compose, en général, d'éléments empruntés aux régions situées plus au nord. On sait que l'immense majorité des végétaux sur lesquels s'exerce noire agriculture européenne sont originaires de contrées plus méridionales. Sous l'influence du travail de l'homme, ils onl remonté un nombre plus ou moins grand de degrés de latitude vers le nord.
    Logiquement et en vertu des mêmes lois naturelles, l'agriculture algérienne doit s'enrichir de végétaux remontant du sud en plus grand nombre que de ceux que l'on ferait descendre du nord. L'Algérie, occupant sur le globe une zone intermédiaire où il est possible de réunir le plus grand nombre d'espèces végétales, est appelée à avoir une agriculture des plus variées en espèces et une agriculture qui s'exerce sur un grand nombre d'espèces végétales, multiplie ses chances de réussite et devient, partant, une des plus riches et des plus lucratives. Utiliser l'aptitude particulière du climat algérien à donner des produits nouveaux, voilà le problème posé et à résoudre.

    Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimatation
    Por Société impériale zoologique d'acclimatation
    Edição de Au Siége de la Société, 1867
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