Tuesday 24 February 2009

Two species or one?

LES CHAMAEROPS EXCELSA, FORTUNEI et SINENSIS,
Par M. A.-E. Carrière.
Les plantes qu'on cultive sous les noms de Chamaerops excelsa, Thunb., C. Fortunei Hort., C. sinensis, Fort., appartiennent-elles à une même espèce, ou bien constituent-elles deux espèces, ainsi que l'affirment certaines personnes? La question nous paraît difficile à résoudre, par cette raison que ces diverses opinions sont formulées isolément, d'après des sujets différents qu'on ne voit jamais réunis, et que par conséquent, on ne peut pas comparer. Jusqu'ici, nous avons penché pour une seule espèce; aujourd'hui la comparaison que nous avons faite d'individus cultivés dans différents endroits nous fait sinon changer d'opinion, du moins modifier celle-ci. Nous maintenons fortement notre opinion en ce qui concerne l'unité de l'espèce; nous la modifions en reconnaissant deux formes ou variétés très-distinctes dont nous allons essayer de faire ressortir les différences, celles-ci, toutefois, portent sur des caractères physiques, que faute de mieux, nous appellerons caractères jardiniques. Ils sont peu nombreux du reste. En voici l'énumération

Le C. excelsa nous paraît être plus vigoureux et aussi plus rustique que le C. Fortunei (C. Sinensis). Ce qui semble surtout le distinguer, c'est la très-longue persistance des pétioles, même bien longtemps après que le limbe qui les termine a été enlevé. D'où il résulte que le tronc ou stipe paraît relativement et pendant longtemps très-gros, à cause de la base de ces pétioles et de la quantité considérable de filaments qui les accompagnent. Mais, par suite de cette persistance des pétioles, les filaments deviennent 1res difficiles ou plutôt impossibles à enlever. Au point de vue industriel, ce serait un grand inconvénient.
Les quelques plantes un peu fortes que nous avons vues sous le nom de C. Fortunei ou C. sinensis ne nous ont pas paru différer sensiblement par les feuilles, du C. excelsa, si ce n'est par leur pétiole, qui est beaucoup plus grêle. La principale différence consiste dans la nudité que présente bientôt la base du tronc par suite de la facilité qu'ont les pétioles de s'en détacher, en sorte que les filaments qui les acompagnent s'enlèvent très-facilement et qu'il devient alors plus facile de les utiliser. Ces filaments nous ont paru un peu plus jaune roux, moins gris, que ceux du C. excelsa.
Pour donner une idée de cette différence de dépouillement des feuilles que présentent les plantes dont nous venons de parler, nous dirons que nous connaissons des C. excelsa de 2 mètres de hauteur, dont le tronc est encore couvert de feuilles, de la base au sommet, tandis que des C. Fortunei (du moins ceux que nous avons vus sous ce nom) beaucoup moins grands, avaient leur base complètement nue et leur tige bien nette et bien formée sur environ 20 centimètres de hauteur. Nous ajoutons que la plupart de ceux qu'on rencontre en pleine terre sont des C. excelsa.
La différence physique entre ces plantes est telle, qu'elle apparaît à première vue. Ainsi, tandis que le C. Fortunei a les pétioles grêles, relativement étroits, le C. excelsa a les pétioles gros, larges, et son tronc est entièrement découvert et pendant très-longtemps par la base des pétioles. En général aussi, les divisions des feuilles sont plus larges et plus tombantes, et d'un vert un peu plus foncé, souvent glaucescent bleuâtre.
Les caractères, que nous venons d'indiquer, sontrils suffisants pour constituer des espèces ? Nous ne le croyons pas. Et, d'une autre part, y en a-t-il d'autres plus marquants et plus forts, ou bien y a-t-il, sous les noms que nous avons rapportés, d'autres plantes que celles que nous avons vues cl que nous avons indiquées? Nous l'ignorons. Dans cette circonstance, nous n'affirmons rien ; nous émettons des doutes; en cherchant à attirer l'attention des horticulteurs sur cette question qui a un véritable intérêt pratique et même économique, et à laquelle s'en rattache un autre : l'intérêt scientifique.
Une autre espèce de Chamaerops, très-belle et aussi très-rustique, est le C. Martiana, dont nous parlerons dans une prochaine chronique.
Revue horticole, 1868.

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