RUSTICITÉ DE CERTAINS PALMIERS,
Par M. E. A. Carrière.
p.27
Sans avoir été ce qu'on peut appeler rigoureux, l'hiver dont nous venons de traverser la partie la plus dure a permis de constater la rusticité de certains végétaux sur lesquels on n'était pas suffisamment renseigne. En première ligne, nous plaçons celui que, en général, on [p.28] désigne sous le nom de «Palmier à chanvre de Chine,» Chamaerops excelsa, Thunb. Bien que nous sachions depuis longtemps cette espèce relativement rustique, nous n'aurions pas osé affirmer qu'elle le fût à ce point. En effet parmi les exemplaires que nous avons en pleine terre, l'un d'eux, haut de près de 1 mètre 50, n'a eu d'autre abri qu'une sorte ruche ou de capuchon en paille supporté par des piquets, de manière à abriter contre les pluies ou la neige la tète de la plante, de sorte que ce pied à supporté, et cela sans en souffrir, tout le froid, c'est-à-dire jusqu'à 12 degrés au-dessous de zéro. Voilà donc une des plus belles plantes à feuillage et même à fleur qui est assurée à la décoration de nos jardins, auxquels elle donnera un certain cachet tropical qui faisait défaut jusqu'ici.
Dans une lettre que nous avons reçue de Munich (Bavière), notre collaborateur et collègue M. Kolb, jardinier en chef au jardin botanique de cette ville, nous informe que, là aussi, l'hiver a été très-rigoureux et qu'une grande quantité de neige à couvert la terre pendant longtemps. Un fait très-intéressant que nous signale notre collègue est celui de la floraison dans une des serres de leur jardin d'un Livistona Australis, R. Br., Corypha Australis, Hort., qui a près de 17 mètres d'élévation, et qui est en fleur depuis longtemps déjà. Voici le passage où il est question de cette plante : « Dans une des serres de notre jardin fleuriste, on voit en ce moment en fleurs un pied de Livistona Australis. Ce spécimen, qui fleurit pour la troisième fois depuis six ans, est sans aucun doute un des plus forts qu'il y ait sur le continent. Il mesure 50 pieds. Ses fleurs sont hermaphrodites, tandis que le grand individu de L. Australis que possède le Muséum, et dont les dimensions ne le cèdent guère à celle du Livistona de Munich, a fleuri il y a quelques années et nous a donné des fleurs mâles. Ce fait, pour nous, a une grande importance, car en même temps qu'il démontre que chez une même espèce on peut trouver des individus soit hermaphrodites, soit dioïqucs, il montre aussi que la valeur de ces caractères est beaucoup moins importante qu'on ne l'avait cru jusqu'ici. Ces faits peuvent jusqu'à un certain point autoriser à poser cette question : A quoi sont dus les sexes des végétaux? C'est une question que nous nous proposons de traiter.
Le grand pied de Livistona Australis que possède le Muséum est placé en pleine terre dans le grand pavillon tempéré. C'est un des plus beaux arbres que l'on puisse voir : il a près de 10 mètres de hauteur; son tronc, qui mesure 40 centimètres environ de diamètre est élargi à la base, où se trouve une sorte d'empâtement conique, solide, dont la partie la plus large, en contact avec le sol, a presque 1 mètre de diamètre. C'est, nous le répétons, un très-bel arbre qui fait l'admiration de nombreux visiteurs. Malheureusement, il va bientôt périr par le manque d'espace qui obligera à lui couper In tête, attendu qu'il ne tardera pas à atteindre le sommet de la serre. Depuis quelque temps déjà on est obligé d'abaisser les feuilles du sommet qui tentent à passer à travers les vitres.
(Revue horticole 1868.)
La Belgique horticole: Annales de botanique et d' horticulture
Saturday 28 February 2009
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