HISTOIRE DU FUCHSIA.
Par M. Oscar Teichert.
Traduit du Hamburger Garten- und Blumenzeitung 1866, p. 433.
p.12 On aurait peine à trouver encore un genre aussi recommandable que le Fuchsia pour la facilité de sa culture, soit comme plante de pleine terre, soit comme fleur de salon. Il est indispensable au parc le plus élégant, et accessible au plus modeste amateur, à cause de sa culture aisée et de son prix peu élevé, surtout depuis que, dans le cours de ces dernière décades, le nombre toujours croissant de ses espèces a permis à l'art horticole de créer une quantité illimitée d'hybrides. Comment ces espèces et ces formes qui ont donné une nouvelle impulsion au commerce horticole et au goût des fleurs, ont-elles été peu à peu acclimatées ou produites ? question qui présente certes un intérêt général bien que l'on ne puisse pas toujours déterminer d'une manière scientifique si l'on a devant soi une espèce ou seulement une forme; car on a affaire à un genre dont les espèces se sont rapidement succédé, qui se prête d'ailleurs sans peine à la production d'hybrides et qui en a probablement vu naître dans sa patrie. Mais pour exposer la découverte du premier Fuchsia, nous devons nous reporter à une époque depuis longtemps écoulée.
Lors de la seconde exploration qu'il fit en Amérique sur l'ordre de Louis XIV, dans la dernière décade du XVIIe siècle, le franciscain Charles Plumier, (né à Marseille, en 1646 selon Willdenow; en 1666 selon Sprengel) découvrit en 1696 un élégant arbuste qu'il appela [p.13] Fuchsia en l'honneur du célèbre botaniste Léonard Fuchsius et qu'il décrivit sous le nom de Fuchsia triphylla fl. coccinea dans son ouvrage intitulé Nova plantarum Americanarum gênera, (Paris 1703). Au grand dommage de la science, Plumier mourut en 1704 sur la presqu'île de Cadix, au moment où il entreprenait un quatrième voyage en Amérique. Mais son genre Fuchsia lui survécut : car Linné, tout en lui conservant son nom, le fit entrer dans son système avec nombre d'autres que l'on doit à son esprit investigateur. Dans ce système, le nouveau genre fait partie du premier ordre de la huitième classe. (Octandrie monogynie) qui comprend, en outre, tant de gracieuses plantes de luxe : par exemple les Ericées si abondantes dans l'Afrique méridionale. Dans le système de Jussieu, le Fuchsia appartient à la XIVe classe. (Péripétalie : Dicotylédones à corolle polypétale superovariée), et y forme avec d'autres genres la famille des Onagrées.
Plus d'un siècle s'écoula sans que le genre vit s'augmenter ses espèces; mais, surtout à dater de 1820, l'Amérique occidentale fut de plus en plus explorée par les botanistes, et dès lors le nombre des espèces s'accrut considérablement. On reconnut bientôt ses stations de prédilection dans les endroits humides et ombragés des forêts ou des hauteurs en pente douce du Mexique, du Pérou, de la Colombie, du Chili, et en général de de l'Amérique du Sud. C'est là que les naturels nomment «Molla-Ecantu» ou plante de la Beauté, une espèce découverte par Mathews dans les forêts de Huassa-Huassi et de Muna, dans la région de Huamantaga. On découvrit aussi quelques espèces dans la Nouvelle-Zélande. Si bien que le Prodromus de Candolle (1824-26) en contenait déjà 26, et le Synopsis de Dietrich (1841)34. En 1848, plus de 40 espèces avaient été déterminées scientifiquement, toutes pourtant ne vinrent pas enrichir nos jardins.
Le premier Fuchsia que l'on introduisit dans les jardins d'Europe, fut importé du Chili en 1788. C'est l'espèce découverte jadis par Plumier.
F. coccinea Ait. (Bot. Cab. 933. Bot. Mag. 97. Duh. Arb. éd. nov. I. t. 13. F. écarlate. F. magellanica Lamb., Na-husia, Schneev., Skineera, Moench, Quelusia Vand.). Calice écarlate. Corolle bleu violet. A la fin du siècle dernier et au commencement de celui-ci, on aimait à à en orner les serres : les feuilles spéciales de l'époque s'accordent à le constater. Peu de temps après son introduction, il se trouvait en Allemagne dans le parc de la cour à Stuttgart et chez le négociant Bremer à Tilsit. Il fleurit chez ce dernier en 1796 comme le rapporte le Manuel des amateurs d'horticulture de Becker, pour l'an 1798. On en prenait grand soin ; et en 1810 un amateur se plaignait d'avoir vu périr deux pieds, parce que, sur l'indication de quelques auteurs, il les avait laissés en plein air, quoique sous abri. Le F. coccinea est longtemps resté le seul Fuchsia recherché, au dire de Loudon dans l'Encyclopédie; en 1852 l'Amateur de jardins de Wredow n'avait à y ajouter que le F. gracilis.
Cette espèce s'est conservée jusqu'à ce jour dans beaucoup de jardins, et vient de produire récemment une variété : le F. coccinea superba.
Avant cela pourtant quelques autres espèces s'étaient montrées dans des jardins d'une plus grande importance; et en 1790 le Chili et la côte nord-ouest de l'Amérique nous envoyèrent le
F. lycioides Andr. Bot. Rep. 120. (Bot. Magaz. 1024.) Calice rouge clair ; corolle rouge lilas. Loudon ne mentionne que le F. lyc. à côte du F. coccinea dans l'Encyclopédie; et le fameux écrivailleur J. von Reider, dans ses Annales d'horticulture, le recommande aux jardiniers et aux amateurs.
Selon Porcher vint ensuite en 1821 le F. excorticata L. sp. pl. (Bot. Reg. 857. Lk. et Otto Abbild t. 46. Bot. Cab. 1347, F. sans écorce Skinnera Forst.). C'est une belle espèce un peu délicate, originaire de la Nouvelle-Hollande, à calice d'abord vert, puis bleu et enfin tout rouge ; corolle violet foncé.
Dans la huitième année de ses Annales, Reider donne le dessin du F. arborescents Sims. (Bot. Mag. 2620. Bot. Reg. 943), F. en arbre. D'après cet auteur, on le cultive comme fleur rare depuis 1824; en 1830 il obtint un prix à l'exposition de Vienne. Plus tard Hartweg en trouva un arbre de 12 pieds de haut, avec un tronc de 2 pouces de diamètre, et couvert de fleurs abondantes, à Oaxaca à des places ombragées d'un ruisseau.
On donne comme variété du F. arborescens, le F. syringaeflora, (F. amoena Hort., F. hamilloides fl. Mex. Schufia arborescens Spach.) Van Houlte l'obtint en 1847 de semences envoyées du Guatemala. Sa place est-elle vraiment ici? On pourrait en douter, vu que la plante mère est indigène au Mexique et que d'ailleurs le F. syringaeflora fleurit en panicule. C'est ce qui a décidé Spach à en faire un nouveau genre nommé Schufia (mauvais anagramme de Fuchsia). Au point de vue de la culture, toute sa valeur consiste en ce que, plantée en automne, elle fleurit en hiver.
Porcher donne comme ayant été introduit, ensuite le F. gracilis Lindl. (Bot. Reg. 847, Bot. Cab. 934. F. élancé, F. decussata Grah. (non R. et P.) Bot. Mag. 2507.) Ce Fuchsia a de petites tiges élancées fort élégantes, et ressemble au F. cocc. pour la coloration des fleurs. On l'introduisit en 1825 dans les jardins; il croît au Chili et au Mexique ; le botaniste Don l'a pris pour une variété du F. macrostemma. Reider le recommanda aux fleuristes allemands en en publiant un dessin
dans ses Annales. On en eut bientôt une variété : multiflora Lindl. (Bot. Reg. 1032), F. multiflora Lodd. Bot. Cab. 1514.
On pourrait citer ensuite le F. microphylla H. et B. (Bot. Cab. 1545) originaire du Mexique, à calice pourpre et corolle pourpre foncé. D'après Porcher il fut introduit en 1827. C'est avec le
F. cylindracea la meilleure espèce à petites fleurs ; ce qui fait qu'on le cultive encore dans d'importants établissements. Plus tard le voyageur Heller le trouva aussi dans les contreforts de l'Orizaba (Mexique). On produisit bientôt une variété à plus grandes fleurs, connue sous le nom de F. mycrophylla grandiflora.
Le F. Linoides, que Reider présenta en 1830 aux fleuristes, eut peu de succès.
Il en fut tout autrement duF. globosa Lindl. (Itut. Reg. 1556. Bot. Cab. 1981. Bot. Mag. 3364. F. à fleurs rondes = F. baccillaris Hort.) qui, robuste et dur, convenait pour la culture de salon. C'est une plante assez petite, fleurissant abondamment ; elle a un calice écarlate et une corolle d'un brun violet. Il eut beaucoup de succès, surtout en Angleterre, en l'unissant au F. coccinea, on lui fit produire quelques hybrides que l'on admira beaucoup, il y a de cela quelques dizaines d'années. Son origine est incertaine; il paraîtrait que, de même que quelques autres Fuchsias cultivés comme espèces dans les jardins, ce n'est qu'un produit hybride du /'. macrostemma. Parmi ses variétés les plus estimées étaient : en 1838, le F. erecta (baccillaris erecta) à branches droites et le F. maxima, dont les fleurs sont plus grandes et pins belles ; plus tard, en 1852, quelques variétés produites par Miellez.
Mais le ff. fulgcns Lindl. (Bot. Reg. 1838, t. I., Fuchsia brillant) vint bientôt obscurcir l'éclat que jetait le précédent. Le Bot. Reg. d'Edward (1838) le recommande en ces termes : <> II fut découvert par deux naturalistes espagnols, auteurs d'une flore inédite du Mexique, Mocino et Seife, mais ce ne fut qu'en 1837 que Hartweg le recueillit et le fit parvenir en Angleterre. Sa baie verdâtre exhale une odeur de pomme et a bon goût. Il fleurit pour la première fois chez l'horticulteur Lee à Hammcrsmith, auquel il valut la médaille d'argent de la Société horticole de Londres. L'année suivante, au mois de juin, il fut exposé par Audot à la Société royale d'horticulture de Paris, et y fit sensation. Ses grandes fleurs rouge minium et surtout sa dureté le recommandèrent puissamment; c'est avec ce Fuchsia, fécondé d'abord à l'aide des F. globosa, conica et gracilis, que commence cette longue série d'hybrides dont nous nous glorifions aujourd'hui. Jusqu'en 1841 il eut la réputation incontestée d'être la plus belle espèce; et une variété du F. fulg., le F. dependens Hook. (tuberosa), se vendait dans ce temps là pour la somme de 3 marcs à Flottbeck, et de 10 francs à Liège.
Vers cette même époque, on vit se succéder rapidement chez nous beaucoup d'autres espèces, parmi lesquelles il doit naturellement se trouver des hybrides.
Le ï. mntabllts Hort. Àngl. est une de ces espèces non encore fixées exactement. On le cultivait déjà en 1856 et on le regardait comme une variété du F. macrostemma. Son calice est écarlate carmin ; sa corolle, d'abord bleue, puis bleu violet. 11 faut aussi ranger ici le F. Thom- sonii Hort. Angl. qui provient selon toute apparence des F. macros- té ni uni etgracilis, et le F. Youngii grandiflora.
Le f. corymfoiflora R. et. P. (FI. peruv. 5, f. 525, f. a. — Bot. Reg. \841, t. 70, F. corymbifère)mérite d'être mentionné comme bonne espèce, assez dure, à grandes fleurs carmin et pourpre. Ce Fuchsia est répandu fort loin dans les Andes du Pérou ; il y a longtemps déjà, Ruiz et Pavon ont découvert dans les endroit ombragés des forêts de Chincao et Muna (N. E. de Lima) des troncs de ce Fuchsia, atteignant la hauteur d'un homme et assez dépourvus de branches. Le botaniste Mathews le trouva aussi à Chacapoyas; enfin le Dr Jameson découvrit sur le flanc occidental du grand volcan de Pichincha (Colombie) une espèce fort voisine du F. corymb. Peut-être n'était-ce qu'une variété. Après n'avoir été longtemps connu que par les dessins de Ruiz et de Pavon, le F. corymb. parvint enfin (1859) en Angleterre. C'est l'horticulteur Standish à Bagshot qui l'y a introduit. Il en reçut la semence, à ce qu'on dit, d'une personne qu'il connaissait à Montréal (Canada) ; celle-ci, h son tour, l'avait reçue d'un ami revenant de Cusco (Pérou). La semence provenait-elle de sauvageons ou de plantes de jardin? Ce point reste en question. En 1840, H. Boekmann, de Hambourg, le répandit sur le continent ; pourtant en 1842 il coûtait encore 5 marcs à Hambourg et à Flottbeck. C'est une des plus magnifiques espèces ; il produit des co- rymbes de fleurs bien formées, pendantes, épaisses, presque ombellifèrcs Après avoir déjà produit en 1852 une variété à calices blanchâtres, il donna naissance de nouveau à quelques métis, parmi lesquels on remarque une variété à feuilles multicolores.
F. cyllndrlca Lindl. (F. cylind. Hort. F. cylindrique). Celle jolie espèce à petites fleurs, qui a des fleurs rouges et des calices verts, est originaire du Mexique. C'est dans le jardin de la Floricultural Society de Londres, qu'elle sortit, dit-on, de semences envoyées par George Baxter, de Birmingham. En 1840 elle parut sur le continent.
A la même époque l'Angleterre reçut le f. radlcans Miers (Bot. Reg. 1841 f. 66. Gard.-chron. 1841. Aug. F. droit.) Il atteint la hauteur de 8 pieds et se distingue de son congénère le F. affinis St. Hilaire par son habitus général et par les proportions du calice. Miers le trouva sur les monts des Orgues (Brésil), à 1000 mèlrcs au-dessus du niveau de la mer. Le jardin botanique de Birmingham possédait la plante originale. H. Caracron à Birmingham reconnut bien vite que ce Fuchsia avait sa place marquée dans la serre froide et non dans la serne chaude. L'année 1841 le vit fleurir dans plusieurs collections d'Angleterre. Le calice est ccarlate clair; la corolle est d'un pourpre foncé.
Autre introduction de la même époque : le F. cordifolia Lindl. (Bot. Reg. 1841. A. 70. F. r.ordifoliu, Benth. Fuchsia à feuilles cordées.) Harlweg le trouva sur le Zetuch ou Xetuch, volcan du Guatemala, à 5000 mètres au-dessus du niveau de la mer (environ 10,000 pieds) et l'envoya à la société horticole de Londres où il fleurit bientôt. Ce fut à la même époque qu'il découvrit encore maintes autres espèces qui ne sont probablement pas en culture. C'est ainsi qu'à l'ouest de la plaine de Bogota, en traversant le Parama de San Fortunato, il trouva sous des Acacias et des Pipéracées le F. verrocosa, arbuste nain h petites fleurs écarlale, et le F. kirtella dont les liges tendres et semi-grimpantes atteignent, en s'attachant à d'autres plantes, la hauteur de 25 pieds. Peu de temps auparavant, il avait découvert sur le versant occidental du Pichincha, sur lequel est bâtie la ville de Quito, les F. sylvalica,, sessilifloru, scabrhis- cula et dependens. Ce dernier, avec ses fleurs ccarlate au bout des branches, est d'un aspect fort gracieux. Sur le versant oriental il rencontra le F. ampliata. Les régions élevées des Cordillères centrales, au pied desquelles se trouve la ville de Popayan, lui fournirent les F. ca- nescens et corollata.
Pour revenir au F. cordifolia, disons que c'est, sinon une des plus belles espèces, du moins une plante remarquable, à cause de ses fleurs écarlate ou orangé à bractées vertes, et à cause de la grandeur de ses feuilles; remarquable encore en ce que les naturels mangent les baies qui, à l'état sauvage, mesurent un pouce et demi. En 1842 elle se payait encore 5 marcs à Flottbeck.
Autre espèce : le I. alpestris Gard. (Bot. Mac/, t. 5999) que Gardner trouva, dans les montagnes des Orgues, sur un sol rocailleux et couvert, à 5000 pieds environ au-dessus du niveau de la mer. Elle donna en 1842 au jardin botanique de Glascow des calices d'un rouge luisant avec une corolle rouge pourpre.
Le F. lutcgrifolin Lind. est, sauf sa coloration plus vive, semblable au précédent; iJ est un peu plus anciennement connu.
Celte dernière observation s'applique aussi au ï. vlrgatn Ilonr. C'est une des espèces les plus dures. Dans les premières années de la S™" décade, on en tirait parti en y greffant des espèces pendantes.
Lef. reflexa Hort. Berol. Cette plante, avec ses jolies petites fleurs, ressemble fort au F. micropltylla cl pourrait bien en tire une variété. On le dit originaire du Mexique. Le V. Cottlnghaml, si recherché à la même époque, ne se distingue du F. reflexa que par la teinte plus foncée de ses fleurs et de son feuillage.
Le F. macrostemma R. et P. (//. Peruv. 3, t. 324. f. 6, Bot. Cab. 1862. F. à grande étoile), est une bonne espèce dont beaucoup d'autres semblent dériver. Il croit dans les montagnes du Chili et, jusque dans ses pétales et dans ses étamines ressemble au F. coccinea, au F. serra- tifolia et à sa variété le F. denticulata. Il paraîtrait que bien des Fuchsias que l'on cultive comme espèces dans les jardins, ne sont en réalité que des formes du F. macrostemma.
C'est ainsi que le F. globosa et le F. conica semblent en provenir; ainsi encore on range ici en qualité de variétés la F. conica lui-même ; le F. longiflora; recurvala Ilook. (F. macrostemma «or. recurvata Bot. May. 5521) que M. Niven obtint de semence au jardin botanique de Dublin; les F. gracilis, mulabilis et tenella Lindl. (Bot. Reg. 1052). Quant au F. mucroslemma même, il était encore rare sur le continent en 1840; en 1847, M. Verschaffelt de Gand créa une variété à calice blanc.
Ce n'est que vers cette époque que l'on commença à mieux connaître sur le continent, le W. decnssata R. et P. (FI. pér. t. 323, f. G, F. croisé) originaire du Pérou, à calice rosé foncé et corolle écarlate; le t. thi- mirolia II. et fi. (Sweet's Br. fl. gard. sér. 2, t. 35) provenant du Mexique; et le F. vennsta II. et B. (F. charmant) de la Nouvelle-Grenade. Le F. thymifolia a un calice et une corolle d'abord d'un rosé pâle, puis d'un pourpre foncé, le F. venusla un calice rouge pourpre et une corolle écarlate.
V. afllnis St. Hilaire (F. semblable). C'est une espèce à grandes fleurs, presque grimpante, h calice carmin et corolle violette: elle est originaire des mcntagnes des Orgues (Brésil). On pourait y rattacher le F. inte- grifolia St. Hilaire et le F. radicans Miers. En 1842, le F. affinis se vendait comme nouveauté à Flottbeck, un exemplaire sur le point de fleurir coûtait G marcs.
Le F. dlscolor Lindl. (Bol. Mag. 5499, Bot. Reg. 1805. F. à couleurs variées. F. Lowei Horl. Angl.) fut une excellente acquisition pour l'Angleterre. Dans ce pays, elle résiste au grand air, quoiqu'on Allemagne on la voie presque toujours geler jusqu'au sol. Il provient de port Famine (îles Falkland) où il pousse dans des endroits, d'ailleurs abrités, mais enterrés l'hiver sous trois à quatre pieds de neige et de glace. Il ressemble fort aux F. gracilis multiflora et tcnella.
Comme le précédent, le F. conica Lindl. (Bot. Reg. 1002, F. conique), résiste au grand air en Angleterre : il vient du Chili.
Quelques années après, en 1845, une nouvelle espèce, le F. serratifolf.i, R. et P. (Floricult. Cab. 1845. F. ;' feuilles en forme de scie), fit sensation aux expositions anglaises h cause de ses fleurs longues d'un pouce et demi, de son calice rouge clair à entailles vert jaunâtre, et de sa corolle écarlate. Il obtint des prix à Cbiswick, à l'exposition de la Société horticole de Londres et à Regcnt's park. Ruiz et Pavon l'avaient trouvé à Muna; Sprengel et, après lui, Dietrich l'avaient décrit ; mais ce fut Lobb qui le premier nous l'apporta. A son tour, il l'avait trouvé aux environs de Muna (Pérou) ; il l'envoya h James Veitch et fils à l'établissement deKillerton (Exeter), où il fleurit pour la première fois dans le courant de l'été de 1844. Bientôt après le dessin parut dans le Bot. Reg., ou mieux dans le Bot. Mag. dont Hooker le jeune commençait à faire le succès. En 1845, on pouvait se le procurera Erfurt; plus tard, en 1852, en le fécondant au moyen du F. Napoléon, on lui fit produire un Fuchsia hybride à calice blanc.
Un nouvel envoi que Hartweg fit à cette époque à la Société horticole de Londres nous valut une autre espèce fort recherchée: le V. splcn- dens Zucc. (F. cordifolia fi Hook. non Lindl., F. brillant) à calice écarlate et corolle verte. 11 ne tarda pas à fleurir à Londres. Hartweg l'avait découvert sur le mont Fotanpeque, à 10,000 pieds au dessus du niveau de la mer, c'est-à-dire à 5000 pieds plus haut que le point de congélation du Mont Blanc. Aussi résiste-t-il parfaitement aux hivers anglais. Après Hartweg, Linden l'exporta de Chamula, et Skinner du Guatemala. En 1858 on mit dans le commerce Président Gosselin, bonne variété du F. Splendens.
Le f. macracnntha Hook. (F. à grandes fleurs) qu'on introduisit ensuite, était, de toutes les espèces déjà connues, celle qui avait les plus grandes fleurs. A vrai dire, ces fleurs étaient d'un rouge pâle et n'avaient pas de corolle : en revanche, elles étaient très-abondantes. Malhcws l'avait autrefois trouvé sur les hautes montagnes d'Antimarca (Pérou), grimpant sur des arbres, et en avait envoyé des exemplaires pour l'herbier de Hooker. Lobb, voyageur de Veitch , dont nous avons parlé tantôt, fut le premier que l'introduisit dans les jardins (1846). Il l'avait trouvé dans les forêts de Chasula (Colombie) à une hauteur de 5000 pieds au-dessus du niveau de la mer. On en fait encore grand cas aujourd'hui en Angleterre et en Allemagne ; dans ces deux pays il atteint une hauteur de 2 à 3 pieds.
Il paraît qu'à celle époque (1847) on importa une espèce que l'on donnait pour le W. mexicana (?) et que Porcher appelait W. mon- tana. (?)
On connaît plus exactement les deux espèces suivantes : F. acynl- folla Scheidw. (F. breviflora, F. à feuilles d'Ocymum) petit arbrisseau« AnteriorContinuar »
mignon, d'origine mexicaine qui pour la première fois en 1847, montra dans les serres tempérées de M. Galeotli, ses fleurs à calice rosé et à corolle nuancée de blanc et de rosé. — Et le V. nlgrlcans Lind. (F. noirâtre) que Linden trouva dans les chemins creux, humides et ombragés des régions froides de la province Merida (Venezuela) à l'entrée de Paramilla de la Muculi (entre Mendoza etTimotes) à 2270-2GOO mètres au-dessus de l'Océan. Les voyageurs Linden, Funcke et Schlimm en rapportèrent de la semence en 1847; et c'est dans son établissement qu'elle montra pour la première fois en Europe, ses fleurs à pétales violet foncé et à calice écarlate.
Le F. procambens (F. pendant) de la Nouvelle-Zélande, est peut- être depuis plus longtemps en culture.
En 1847 on importa le V. spcctabills Uook. (le plus beau Fuchsia) auquel on a décerné le titre de « Roi des Fuchias. » Veitch et fils l'envoyèrent en avril 1848 à l'exposition de la Société horticole de Régent strect (Londres) ; et la il obtint la grande médaille d'argent à cause de la beauté de ses branches rouge sang, de ses feuilles vert foncé et de ses fleurs écarlate brillant, avec lesquelles ses c'tamincs forment un contraste agréable. Hooker rapporte qu'on le prit d'abord pour le /'. loxensis Hamb. (dont le dessin avait paru dans //««/.. /(//. et Spec. plant, vol. VI, t. 556) et aussi pour le F. loxensis Benth. (Plantas Ifartwegianae, n° 753); mais que c'est une espèce différente des précédentes et s'en iistinguant surtout par ses étamines. Les premiers exemplaires lui vinrent de Seemann qui les avait recueillis en septembre 1847 h Pambo de Jéerba, El Equador. La plante de Veitch, ajoute Hooker, aura probablement été trouvée par Lobb, dans la même région, car quoique ce dernier ne parle que des <> Van Iloulte en publia le dessin dans la livraison de juin 1848 de la flore desserres.
On peut rattacher au Fuchsia précédent, le F. minlntn Planch. (F. minium.) originaire de la Nouvelle-Grenade, à fleurs minium.
Le F. simpllcicanlis R. et P. (F. sans branches) et le F. npctaln R. et P. (F. sans pétales) nous viennent du Pérou. L'auteur de la fl. pe~ rut-, dit qu'il ressemble au F. serralifolia, quoiqu'il soit moins remarqué. Le second de ces Fuchsias dont les belles et grandes fleurs n'ont pas de pétales, et dont le calice rosé se termine en pointes vertes, se vendait en 1849 à G 2/3 thall. chez J. Linden. Ce n'est que tout récemment que le catalogue de Laurentius fait mention du F. simplicicaulis.
Le gracieux F. Miellezl est, selon toute apparence d'origine plus récente encore, il est tout couvert de mignonnes petites fleurs pourpre éclatant, longues à peine de 3 lignes, à en juger d'après l'exemplaire qui figurait en 18G4 à l'exposition de Berlin.
Le catalogue de Laurcntius mentionne le Fuchsia précédent ainsi que le f. coralllna (corollata?) parmi les rares espèces que ce grandiose établissement continue à cultiver à côté de centaines de variétés.
Les catalogues de plusieurs maisons citent encore comme espèces le F. longiflora et le I . virgata Sweet, que l'on trouvait dans les jardins d'Allemagne dans la quatrième décade de notre siècle; en outre : le F. linearifolia Hort. et parviflora. Lindl., ainsi que quelques antres dont on ne saurait absolument pas dire s'ils sont espèces ou formes.
Les espèces suivantes : F. cinnabarina, yranadensis, guinoduensis et verticillala que le catalogue de Linden pour 1853 donne comme nouveautés, n'ont pas encore attiré plus particulièrement l'attention. Nous n'avons pas non plus de nouvelles importations à signaler.
Ce sont les hybrides du Fuchsia, bien plus que ses espèces qui lui ont donné tant d'importance au point de vue horticole ; car les notables différences de port et de floraison que présentent les divers Fuchsias — comparez, pour vous en convaincre le F. microphylla et le F. corymbi- flora — ont tout naturellement fourni une occasion excellente pour la production de formes nouvelles. Nous avons à examiner cette production sous un double rapport : au point de vue de la forme et de la coloration des fleurs. Quant au port général, si différent dans les différentes espèces, nous n'avons pas à en tenir compte; car, en culture, on exclut tout Fuchsia de taille médiocre et de feuillage rare ou peu gracieux. En soumettant les espèces h une analyse exacte nous trouvons que, malgré les différences dans la longueur des fleurs, la couleur reste assez constante. Le calice est presque toujours d'une nuance quelconque du rouge; les pétales, la plupart du temps, ont une coloration bleue; et, sauf quelques individus à nuance claire ou spéciale, la grande majorité présente des tons foncés. Quant à la structure de la fleur, clic s'est perfectionnée à peu près en même temps que la couleur. Sous l'influence des tendances générales de la mode, elle est devenue quelque chose de difforme, quelque chose de semblable à la crinoline et a bientôt dépassé les justes limites du gracieux. On exige d'un Fuchsia parfait que le calice et les pétales soient dans un juste rapport de grandeur avec les étamines ; que les folioles du calice ne soient ni trop étroites ni mal placées; qu'elles soient rcjetées en arrière, ou que tout au moins elles s'écartent assez pour laisser voir distinctement les pétales dont la couleur doit contraster harmonieusement avec celle du calice. La saillie plus ou moins grande des anthères n'est pas non plus sans influence sur la heauté des fleurs : c'est ainsi que Boucharlat, en 1865, produisit une variété du F. mycrophilla à anthères d'un jaune d'or.
Ce furent les Anglais qui les premiers trouvèrent une importante source de revenus dans l'hybridation des Fuchsias.Après l'introduction des F. fulgens, splendens, cordifolia, corymbiflora, serratifolia, etc., ils mirent de côte les anciennes espèces à petites fleurs et vendirent les rejetons des nouvelles plantes à haut prix sur le continent. Puis, au moyen de fécondations artificielles,ils créèrent de beaux hybrides qui valurent bientôt le prix que coulait autrefois un bon Dahlia. Jusqu'en 1837 on n'avait produit que quelques formes du /'. globosa et du F. conica; mais à partir de l'importation du F. fitlgens, on entreprit l'hybridation en grand et l'en fit de nombreux croisements avec le nouveau Fuchsia et d'autres plus nouveaux encore. Les horticulteurs français rivalisèrent bientôt avec les anglais. Saller à Versailles, Miellez, Dubus et d'autres créèrent des formes de la même façon ; la Belgique et l'Allemagne ne restèrent pas en arrière : le chef jardinier Nagcl chez H. fioeckmann de Hambourg et Warscewicz du jardin botanique de Berlin réussirent aussi bien que personne. Les premiers hybrides anglais furent dus à la fécondation des /'. globosa et fulgens. Une fois créés, on les envoyait sur le continent, a Hambourg, ù Flottbcck, à Francfort sur le Mcin (Ruiz.) Le prix ordinaire était 10 slicll. 1/2, alors que tout au commencement du siècle, le F. coccinea ne valait que 10 gros; que maintenant encore les véritables espèces ne se paient que de 5 à 7 1/2 gros, et que de nos jours, même une nouveauté, dès qu'elle est dans le commerce, ne va guère au delà de 20 gros. Déjà en 1842 on pouvait se procurer chez Boeck- iiituui à Hambourg la douzaine des dernières nouveautés à 9 marcs, et 25 variétés au choix de l'acheteur, à 7 marcs. Les premières productions allemandes provinrent chez Boeckmann de la fécondation du globosa par le fulgens, et chez Warsccwicz, de la fécondation des F. longiflora, reflexa, Harrisonii, mvlabilis, virgata, Fargetti et autres par le fulgens également. Warscewicz a observé que les hybrides prennent l'habitusdu père, les fleurs et les feuilles de la mère.
Parmi les hybrides anglais obtenus soit dans les établissements horticoles, soit chez des jardiniers particuliers, on estimait surtout les F. .Chandleri, Standisliii, fulgens dependens et fulgens I/arlwegianvs ; parmi ceux de Boeckraann, le F. /intelmanni et Koopmunni de la même année; parmi ceux que Warscewicz obtint en 1841, on remarquait le F. Bertrami (produit du F. ffarissoni et du F. fulgens et le F. Bergemanni (même auteur). Ce dernier Fuchsia rappelait par la forme de ses fleurs, le remarquable F. inlegrifolia LindI. L'année suivante Smith de Dalton (Angleterre) produisit des métis estimables qui à leur tour, furent surpassés par le Prince Albert de Brown produit des F. globosa et fvlgens. Les horticulteurs anglais le préférèrent même au F. 5f. Clare dû à Mcnham, jardinier du colonel Harcourt à St. Clare (ile de Man), bien que Lindley recommandât ce dernier comme le plus beau de tous. Chacun de ces deux Fuchsias coûtait en 1843, 3 1/2 rixdales.
En 1844 et 1845 on commença h utiliser le F. corymbiflora pour la production de métis. On considère comme les plus beaux hybrides de ces années le F. Constellation de l'horticulteur Miller à Rarasgale, et le F. coccinea vera de Smith, produits tous les deux comme nous venons de le dire. Seul le F. venus victrix, autre inélis anglais, passa longtemps pour la même valeur. Mais à partir de ce moment les hybridations s'accrurent tellement qu'en 1846 De Jonghc, de Bruxelles, put, dans le grand nombre, faire un choix de 50 belles espèees; de tous ces Fuchias, le plus beau h ses yeux était le F. Dutchess of Svtherland, créé par Gaine en 1845; les meilleurs, après celui-ci, étaient dus ù Smith, Standish, Holly, Harrison, etc.
Entrctcmps on utilisa aussi pour les croisements le /'. macrostemma, les Fuchsias ù pétales blancs et les nombreux hybrides existants : aussi devient-il de plus en plus difficile de suivre les progrès de la production de nouveaux métis; car l'on se mil à féconder tout ce qui s'y prêtait cl ù employer largement la culture par semences. Bosse, en 1849, tout en remarquant que beaucoup d'hybrides présentent une ressemblance presque identique entre eux, public une liste des 150 sortes qui lui paraissent les plus dignes d'attention : ce sont, pour la plupart, des hybrides anglais ayant presque tous le F. corymbiflora pour souche.
L'événement le plus considérable des années suivantes fut la production d'hybrides à corolle blanche, celte découverte due à l'anglais Story vint donner un nouvel essor au commerce des Fuchsias; pourtant, les premiers spécimens obtenus avaient une assez maigre croissance et portaient moins de fleurs que d'autres Fuchsias. Voici le moment de jeter un coup d'œil sur l'apparition des Fuchsias clairs en général. Les premiers métis n'avaient relativement présenté que de légères variations; et, malgré de nombreux croisements, on ne parvint que peu à peu à créer des sortes vraiment claires. Le F. Chandleri de 1840 avait, il est vrai, des fleurs couleur pêche; Y'.liltniin de Bocekinann de 1841 portait des calices d'un rosé clair, à extrémités blanches; mais ce ne fut qu'en 1843 que l'Angleterre, grâce surtout à Youell, le créateur des variétés claires, nous donna le /'. venus victrix; c'était là le premier Fuchsia à calice vraiment blane et faisant contraste avec sa corolle bleue. Dès ce moment, les nuances de cette espèce se multiplièrent; la couleur claire se montra dans les produils de Smith et autres en tons verts, couleur chair jaunâtre, rougcâtres et bleuâtres, dans quelques variétés (le F. incarnate de Smith et scaramouche de Micllez p. e.) le calice et la corolle avaient tous deux une coloration clnire, ou bien, l'un des deux seulement, mais il se passa plus de dix ans avant que l'on parvint à produire un Fuchsia à corolle vraiment blanche; en effet, ce ne fut qu'en 1854 que parut le F. Mrs. Story; mais alors on vit se succéder rapidement des espèces analogues, grâce surtout à Cornelisscn. Déjà en 1855 on possédait plusieurs décès sortes. Peu après eu 1836 on obtint des espèces à corolles rayées, p. c. les F. gloire de Russelsheim et striata formosisssima ; puis encore des variétés à calices pointillés. Malgré les essais faits depuis longtemps déjà, on n'a pas encore pu parvenir à créer des variétés jaunes : car le Fuchsia nouvellement produit par Cornelissen (F. souvenir de Leipzic] n'a pas une corolle jaune, comme on le prétend, mais bel et bien d'un blanc sale.
Ces innovations rendirent fort défavorable la position des productions anglaises vis-à-vis de celles de la France, de la Belgique et de l'Allemagne du sud. Il faut pourtant bien reconnaître que parmi les cent variétés et plus, que l'on mit dans le commerce en 1858 et 1859, et auxquelles vinrent s'ajouter en 18CO-186I, soixante hybrides dus à des producteurs pleins d'expérience, allemands ou français, ce sont les produits de Banks, par exemple le Souvenir de Chiswick, qui remportent la palme.
Venons-en à la structure de la fleur. Ce n'est que parmi les espèces à petites fleurs — et rarement encore — que l'on trouve des Fuchsias ayant les folioles ducalice rejetées en arrière, par exemple le F. lycioides. Dans toutes les autres espèces, elles ont un écarlemenl plus ou moins considérable qui va quelquefois jusqu'à l'horizontale; les pétales, au contraire, sont plus ou moins fortement roulés et s'écartent notablement déjà chez maint hybride de la 5010 décade de notre siècle. Rien d'étonnant donc si, tandis que les corolles se montraient bombées et pleines jusqu'à en être difformes et à faire désirer un retour à plus de grâce, ce l'ut seulement dans la seconde moitié de la <>""' décade, et cela en dépit de tous les croisements, que l'on obtint des hybrides remplissant les conditions esthétiques mentionnées plus haut : à savoir que les feuilles du calice doivent être rejetées en arrière. Depuis lors on est allé bien plus loin, et l'on a obtenu des hybrides dont le calice est en outre roulé en dehors par exemple le Fuchsia Franz Josef I de Twidy, horticulteur allemand (1860).
L'an 1847 occupe une place marquante dans l'histoire du développement de la culture du Fuchsia. Les métis obtenus jusqu'alors do semences n'avaient eu de remarquables que la grandeur et la coloration des fleurs, mais en 1847 liruneau de Paris trouva dans un semis un Fuchsia dont les organes floraux au nombre de vingt à vingt deux, s'étaient entremêlés d'une façon étrange. Celte monstruosité peut passer pour le premier des Fuchsias doubles dont le succès a été si grand depuis lors. Ce n'est pourtant que dans les premières années delà sixième décade que l'on produisit les Fuchsias doubles avec quel
que perfection. Henderson le premier créa un Fuchsia à fleurs foncées (F. hendersonii) qui est conforme à toutes les règles, puis, en 1853, vint une espèce à fleurs claires, le F. carnea plena de W. Lemoinek Nancy. On doit les Fuchsias pleins aux français Leraoinc et Dubus, à l'allemand Dcnder, à quelques autres encore, mais surtout à l'horticulteur Cornelissen de Bruxelles, l'homme qui a le mieux réussi dans la culture des Fuchias, et que nous louerions sans restriction si ses produits étaient soumis à une plus stricte analyse avant d'être lancés dans la circulation.
Dès ce moment, les espèces pleines cl simples à corolle blanche et d'autres espèces pleines devinrent et restèrent les favorites du public. En 1863 on ne connaissait que neuf hybrides à corolle blanche, dont cinq créées par Cornelissen, le reste par Hendcrson et autres. En 1864 leur nombre s'éleva à 1<> ; en I sr> i à 20 et plus : les deux tiers presque sont pleins. Cornelissen, Banks, Henderson, Lemoine, Croussc, etc. continuèrent à nous enrichir chaque année; mais enfin un allemand, dont la réputation était déjà faite depuis longtemps, Twidy l'emporta sur ses concurrents étrangers, grâce à une excellente collection créée en 1865. Ses produits les plus récents se distinguent par l'entière plénitude de là corolle, alors que les Fuchsias anglais sont simples d'ordinaire. A la même époque, les Français revinrent aux espèces pures, firent produire quatre variétés au F. corymbiflora, et quatre aussi au F. microphylla; ces dernières étaient dues toutes à Boucharlal (1865); les précédentes à Boucharlat, Dender, et Barlet. Meteor, produit de Corne- lissen, fit grande sensation en 1862: ce Fuchsia avait sur ses feuilles des nuances d'or et de rouge d'une beauté exceptionnelle; puis vinrent encore quelques produits similaires si bien qu'on comptait cinq Fuchsias à feuilles nuancées en 1864, et sept en 1866.
La culture du Fuchsia vient d'entrer tout récemment dans une nouvelle-période de développement : l'anglais Williams parvint à créer un F. var Novelty, dont les fleurs et les inflorescences sont droites à ce que l'on dit. Espérons que les espèces à venir de cette forme ne feront pas oublier ces Fuchsias auxquels leurs branches ployées et leurs fleurs pendantes donnent un si gracieux aspect.
Pour finir, nous empruntons à une autorité, M. Jiihlke, directeur du parc royal à Potsdam (Manuel du jardinage, 2 éd.), la nomenclature suivante des plus beaux Fuchsias, que l'on pourrait, sans trop de peine, étendre considérablement.
1° Fuchsias simples, rouges et violets.
Sir Robert Peel, lord Warden, Edith., Souvenir de Chiswick, et le Fuchsia nain Comte de Cavour, les deux premiers peuvent servir de spécimen de Fuchsia à corolle étalée en forme de crinoline. 2° Fuchsias pleins-rouge et rouge pourpre. Sir Colin Campbell et Universal.
3° A corolle blanche simple : Princess of Prussia. 4° A corolle blanche pleine : Madame Cornelissen. 5° A nuances claires : les espèces anciennes Annie Vfiltshire Lass
et Elegantissima qui valent mieux que les plus récentes. 6° Fuchsias remarquables par le contraste de leurs couleurs et par leur
duplicature élégante et épaise : Josef Corneliiisen, Secrétaire Mottin, eldeTollenaere.
La production d'hybrides est loin encore d'avoir dit son dernier mot, bien mieux, les nouveaux Fuchsias, créés chaque année, sont devenus, pour ainsi dire la rubrique constante des catalogues horticoles; et selon toute probabilité, le Fuchsia passera aussi peu de mode que la Giroflée ou l'Aster.
Voilà, en peu de mots, l'histoire du Fuchsia. Comme toutes les importations de régions étrangères, on ne le cultiva d'abord que dans des serres, avec de grandes précautions. Mais à mesure qu'on fut mieux informé sur ses stations naturelles et sur sa géographie, on réussit à l'utiliser pour la culture de mille manières différentes. Chaque année nos feuilles horticoles, et surtout celles qui sont rédigées à l'usage des dilettanti contiennent des articles sur la culture du Fuchsia ; et ce n'est pas sans raison que le jardinier royal Jâgcr dit que l'on peut lire vingt articles sur la manière dont ou cultive le Fuchsia, avant de trouver un seul fait historique consigné.
Il est bien vrai que des botanistes tels que de Candolle et Diclrich ont traité du Fuchsia dans leurs grands ouvrages; il est bien vrai encore que depuis le Magasin général d'horticulture allemande et J. de Rcider, ardent à écrire et à disputer, les écrits périodiques de l'Allemagne et de l'étranger renferment une* quantité presque illimitée d'articles sur la culture du Fuchsia dus aux communications des meilleurs horticulteurs; par exemple Warscewicz de Cracovie, Nngel de Hambourg, Abel de Vienne, de Jonghc de Bruxelles et autres. Malgré cela, nous ne possédons que peu de monographies sur le Fuchsia, et c'est à la France que nous devons les meilleurs écrits de ce genre. Le premier ouvrage qui contribua à faire connaître cette plante un peu plus exactement, est l'un des nombreux écrits de Pierre Joseph Buch'oz (Mémoire sur la Mélaleague, l'Ixora, le Camara, le Fuchse, etc. Paris. 1805). Porcher, président de la Soc. Hor. d'Orléans, y contribua bien plus encore par son ouvrage le Fuchsia, dont la seconde édition parut en 1848. Cet ouvrage est encore le seul qui traite de cette plante d'une façon spéciale et complète à tous égards. On pourrait, il est vrai, citer une publication allemande : Fleurs de prédilection (livraisons avec
un dessin colorié), qui consacre exclusivement sa 12m° livraison h notre plante ; mais on y traite principalement de sa culture tandis que Porcher ne néglige pas la partie historique. Nos feuilles horticoles actuelles publient naturellement des articles plus ou moins étendus sur le Fuchsia ; mais en cela Noisette (Manuel du jardinier, Paris 1825) les avait déjà prévenus en décrivant six espèces de Fuchsias, puis trois autres encore dans le supplément, paru en 185b. Mais comme toutes ces feuilles, et en cela elles se conforment au principal objet de leur publication, s'attachent surtout aux méthodes de culture, nous espérons voir bien accueillir la tentative que nous faisons de fixer l'histoire du Fuchsia.
Saturday 28 February 2009
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