Herbier général de l'amateur, contenant la description, l'histoire, les propriétés et la culture des végétaux utiles et agréables Dédié au roi, par Mordant de Launay, continué Por Loiseleur-Deslongchamps (Jean-Louis-Auguste) 1843
F. corymbiflora, R. et P., FI. Peruv. 3 , t. 326. — Foliis oppositis ternisque petiolatis, oblongis, integerrimis, tomentosis, viridibus, rugosis; corymbis terniinalibus, pendulis, multiftoris ; calycis tubo longissimo, infundibulari; laciniis reflexis; petalis liberis, patulis, acutis, staminum longitudine.
Lindl. Bot. Reg., dec. 1841, t. 70.
Nous venons tenir la promesse que nous avons faite à nos lecteurs (Voyez Hort. univ., t. II, p. 221) de leur donner la figure et la description de cette belle espèce de Fuchsie, la plus brillante, la plus noble sans contredit, parmi celles de ses nombreuses et élégantes congénères que nous connaissions jusque aujourd'hui. Pour tout dire en un seul mot, elle l'emporte même de beaucoup, en beauté et en élégance, sur la Fuchsia fulgens, aujourd'hui si répandue dans les jardins, à tant de titres, et qui va se voir détrônée par la nouvelle venue (vœ victis!),
La Fuchsia corymbiflora est un sous-arbrisseau qui paraît devoir atteindre, dans un bon sol, 2 et même 3 mètres de hauteur, et être encore plus rustique que la F. fulgens. Que d'avantages sur celle-ci! Ses racines, longues et déliées, forment un chevelu épais et comme fasciculé; sa tige, droite, comme articulée, et portant à chaque renflement une touffe de feuilles, pouvant au besoin s'allonger en branches, se divise au sommet en plusieurs rameaux flexibles munis de larges feuilles ternées, ou plus rarement opposées, alternes, et terminés par des corymbes immenses, composés de nombreuses grappes de fleurs qui atteignent jusqu'au delà de 66 centimètres dans leur plus grand développement floral. Ces corymbes, dit M. Standish (voyez plus bas), sont si amples , leurs fleurs si nombreuses et si grandes, que dans leur gracieuse courbure ils cachent la tige principale.
Comme nous l'avons dit ailleurs (l. c.), c'est à M. Standish, pépiniériste à Bagshot, comté de Surrey, que les Anglais doivent l'introduction (en 1839?) de ce très noble végétal. Ce commerçant en avait reçu des graines de ses correspondants de Mont-Real, au Canada, qui eux-mêmes les tenaient d'un des amis de l'un d'entre eux, arrivant précisément de Cuzco, au Pérou , pour les affaires de son commerce. Les auteurs de la Flore du Pérou disent qu'il atteint la hauteur d'un homme, et que la tige donne peu de branches. Ils le découvrirent dans les bois de Chinchao et de Muna, au nord de Lima, croissant dans les endroits ombragés.
« C'est dans cette partie du monde, dit M. Lindley, que les Fuchsies atteignent cette beauté extrême, ces vives couleurs et ces formes qui leur ont valu parmi les indigènes le nom de Molle Cantu (buisson de beauté). Outre celle dont il s'agit, Ruiz et Pavon en citent encore d'autres d'une apparence encore plus belle, et pour la possession future desquelles l'horticulture est réduite à former des vœux ardents. Ces auteurs regardent principalement comme au dessus de tout éloge la F. serratifolia, à fleurs roses de 0m,041 de longueur, ayant la forme de celle de la F. macrostemma; la F. denticulata, haute de 3m,898, se couvrant de fleurs pourpres plus grandes encore que celles de l'espèce que nous déci'ivons; enfin les F. simplicaulis et apetala, semblables en apparence, mais d'un aspect encore plus frappant. »
Les fouilles de l'espèce dont il s'agit atteignent de 20 à 30 cent., ou même plus, de longueur, sur une largeur de 8 à 10-12. Elles sont ovales-lancéolées, deniées sur les bords, ciliées, légèrement pubescentes, d'un vert bleuâtre (et rougeâtre par places), comme gauffrées; le pétiole est court (1-2 cent.), canaliculé en dessus. Les feuilles florales, ou bractées, sont très petites (2-3 cent. ), le pédoncule commun est cylindrique (comme la tige et les rameaux), et long de 6 à 8 cent. ; les pédicelles fort courts (3-4 cent.); ovaire ovale-cylindrique, vert; tube calycinal coloré, cylindrique-infundibuliforme (d'un pourpre violacé brillant), de 8 à 9 centimètres de longueur, partagé en 4 segments étalés-réfléchis, linéaires-lancéolés, acuminés, carénés, tomenteux, un peu plus courts que les pétales; ceux-ci, au nombre également de 4, alternant avec les segments insérés à leur base, étalés, ovales-aigus, de près de 0m,037 de longueur, veinés; étamines .....
Nous ne saurions actuellement donner de cette plante une description botanique plus complète, M. Lindley, qui en présente une excellente figure (reproduite ci-contre), se taisant complètement sur ce sujet, et M. Paxton , qui la figure également, ne parlant guère que de son mérite et de sa culture; mais tous les amateurs seront bientôt à même de suppléer à ce silence forcé, en se la procurant chez plusieurs de nos fleuristes qui se sont bâtés de la multiplier, notamment chez M. Ghauvière.
Nous répétons qu'elle aime un sol riche et profond, des arrosements fréquents pendant la belle saison, une situation ombragée. On pourra peut-être, par des semis réitérés, l'amener à passer nos hivers dehors. Il faut, en serre, lui donner de grands vases, et en renouveler la terre assez souvent. Heureux l'amateur qui, dans sa serre tempérée, pourra la planter en pleine terre !
Lem.
Wednesday, 22 April 2009
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