Voici maintenant ce qu'un amateur niçois, M. le baron Prost, nous apprend au sujet de la culture de divers Tacsonia, en plein air. Sa notice extraite de la Revue de Nice (numéro du 1er novembre 1860) est reproduite par le journal anglais, [Gardeners' Chronicle] et c'est de ce dernier que nous emprunterons les passages suivants :
« Les quelques Tacsonia dont j'ai à parler ici, dit M. Prost, sont de charmantes espèces grimpantes, très-voisines, comme on sait, des Passiflores. Elles ont été apportées de la Nouvelle-Grenade, du Pérou et du Chili, et quoique bien connues des savants, les horticulteurs qui, sous les climats du Nord, ne les voient fleurir qu'en serre chaude, ne se doutent pas de l'effet qu'elles produisent lorsqu'elles viennent en toute liberté sous un climat qui leur convient. Elles ont trouvé ce climat à Nice, où déjà les Tacsonia manicata et mollissima commencent à être populaires. Le Tacsonia ignea, magnifique plante à fleurs écarlates et la plus belle du genre, est celle qui étonne le plus les amateurs par sa splendide floraison, sa vigueur et la verdure lustrée de son feuillage. Elle croît avec une rapidité extraordinaire; en très-peu de jours elle couvre de vastes surfaces sur les murs ou sur les treillages, et lorsqu'elle est à bonne exposition, elle fleurit d'un bout de l'année à l'autre. Le Tacsonia splendens est très-voisin de ignea, et pourrait être confondu avec lui s'il ne s'en distinguait par un feuillage d'un vert glauque et foncé. Le Tacsonia mollissima se fait remarquer par la longueur du tube de son calice, et le brillant coloris rosé de ses pétales, légèrement teintés d'amaranthe; il fleurit abondamment et est d'une élégance parfaite. Le manicata a les fleurs d'un rouge aussi vif que celles du Pelargonium zonale, avec les étamines d'un pourpre noir, ce qui fait un singulier effet. C'est une plante vigoureuse, à feuillage épais, et dont les fleurs rappellent d'assez près celles du Tacsonia ignea, mais avec une teinte plus foncée. Quant au Tacsonia pinnatistipula, ses fleurs sont d'un blanc pur, et si nombreuses, qu'on croirait, à une certaine distance, voir une plante couverte de neige. Une dernière espèce est encore cultivée dans les jardins de Nice : c'est le Tacsonia Helleri, qu'on dit être aussi une plante fort méritante, mais que je n'ai pas encore vue fleurir.
« Ces différentes Passiflorées ont jusqu'à présent été multipliées de boutures, mais ce qui parle haut en faveur du climat niçois, c'est que celles qui y ont fleuri ont mûri leurs graines. Il en est de même de l'Ipomoean Learii, superbe Convolvulácée qui se propage à Nice par ce dernier moyen, et dont on peut voir en ce moment de très-beaux échantillons dans les jardins de M. Stuart, à la villa Stuart.»
On peut juger par ce qui précède que le climat de Nice n'est pas très-inférieur à celui d'Alger. Peu de localités en Europe conviendraient mieux pour l'établissement d'un jardin botanique universel.
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